Les récentes inondations dévastatrices de Bushushu et Nyamukubi dans la province du Sud-Kivu, en République démocratique du Congo, ont laissé un lourd bilan avec plus de 438 morts et des milliers de disparus le 4 mai 2023. Ces catastrophes sont amplifiées par plusieurs facteurs complexes.

D’une part, le réchauffement climatique intensifie les phénomènes météorologiques extrêmes, augmentant la fréquence et l’intensité des pluies dans la région.

Le 4 mai 2023, de fortes précipitations ont provoqué le débordement des rivières Nyamukubi et Chishova, emportant tout sur leur passage. Les témoignages des survivants décrivent des scènes déchirantes de familles entières emportées et de biens perdus dans les eaux boueuses.

D’autre part, la vulnérabilité structurelle de la région est exacerbée par des facteurs historiques.

Depuis le génocide rwandais de 1994, une migration massive de Rwandais majoritairement Hutu vers la RDC a entraîné une déforestation accrue pour répondre aux besoins de subsistance immédiate, notamment par la coupe de bois pour le commerce de la braise.

Cette déforestation a considérablement réduit le couvert végétal, compromettant la capacité naturelle de la région à absorber et à retenir les eaux de pluie. Ainsi, les collines dévégétalisées facilitent le ruissellement rapide des eaux et aggravent les risques d’inondations.

En outre, les efforts insuffisants en matière de gestion environnementale et de planification urbaine contribuent à la vulnérabilité persistante face aux catastrophes naturelles.

Les experts et les acteurs locaux soulignent un manque de volonté politique pour prioriser la protection de l’environnement et la prévention des risques naturels.

Les moyens alloués sont jugés insuffisants par rapport à l’ampleur des catastrophes, et les études scientifiques disponibles ne sont pas toujours utilisées de manière efficace pour orienter les politiques publiques.

Face à ces défis, les autorités locales ont pris des mesures immédiates comme la délocalisation des populations sinistrées vers des zones plus sûres, mais des experts comme Josué Aruna de la société civile environnementale insistent sur la nécessité d’une planification à long terme, basée sur des études scientifiques approfondies, pour éviter de futures tragédies similaires.

En somme, ces inondations tragiques mettent en lumière l’urgence d’une action concertée et proactive pour faire face aux effets du changement climatique et pour renforcer la résilience des communautés locales aux catastrophes naturelles à venir dans la région du Sud-Kivu.

Ignace BONANE

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