« Des outils de surveillance et des mécanismes de protection des journalistes ». C’est le thème au centre d’un atelier d’échange, de deux jours, organisé à Bukavu au Sud-Kivu par Partenariat pour la Protection Intégrée, PPI en signe, avec l’appui d’Internews sur financement de la Coopération suédoise.
Du mardi 25 au mercredi 26 Juin 2024, une vingtaine de journalistes et acteurs de la société civile du Sud-Kivu ont analysé les mécanismes et outils de protection des journalistes en RDC.
C’est notamment des mécanismes mis en place par des organisations de défense et de promotion des droits des journalistes dont PPI. « Nous intervenons dans la protection des journalistes à deux volets. Le premier est préventif (à travers des plaidoyers et des formations en faveur des journalistes), le second est réactif (ici, c’est quand l’atteinte est effective. Nous dénonçons, alertons, produisons des feuillets, nous assistons les journalistes de diverses manières, etc. », a expliqué Jonathan Magoma, Chef des Programmes et Directeur Exécutif a.i à PPI.
Un atelier participatif
A travers des travaux en carrefour, les participants ont identifié les atteintes à la liberté de la presse, des auteurs ainsi que des actions à mener.
Des cas d’intimidations, d’interpellations, d’harcèlements fiscaux, de fermetures des médias, d’extorsion et de sextorsions dont sont victimes les professionnels des médias ont été relevés. « Les auteurs sont le plus souvent les services étatiques et autres personnes instrumentalisées », ont déploré les participants.
Ces derniers ont proposé des actions de plaidoyer et de sensibilisation des services de sécurité sur « la liberté de la presse et ses corolaires ».
Un atelier d’information
Des journalistes et acteurs de la société civile ont pris connaissance des outils nationaux et internationaux ; aussi conventionnels de protection des journalistes.
La Constitution du 18 février 2006 telle que révisée en 2011 consacre la liberté de la presse en ses articles 23 et 24. « Ces articles de la loi suprême pose les principes élémentaires de l’exercice de la liberté d’expression et du droit à l’information en RDC », a expliqué Maitre Pascal Mupenda, Consultant juriste à PPI.
Au-delà de la Constitution, « nous avons les deux ordonnances-lois du 13 mars 2023 sur les modalités de l’exercice de la liberté de la presse et sur le numérique ».
Maitre Pascal Mupenda note également le Code d’éthique et de déontologie du Journaliste congolais, et la loi relative à la protection des DDH en RDC. « A ces textes s’ajoutent des conventions et traités internationaux ratifiés par l’Etat congolais ».
S’agissant des mécanismes de protection, Me Pascal Mupenda parle « des cours et tribunaux nationaux, et les parquets y rattachés ». Au niveau régional, il a attiré l’attention des participants sur l’existence de la Cour africaine des droits de l’homme.
« Lisez régulières ces textes de loi pour comprendre la portée de la protection des journalistes », a-t-il conseillé aux journalistes.
Un atelier de prise de conscience
Les échanges du 25 au 26 Juin ont rappelé aux professionnels des médias la « noblesse » et la « sensibilité » du métier de journaliste. « Dans l’exercice de leur métier, les journalistes font face à différentes formes de violences ou d’entraves à leur mission de recherche et de collecte des informations ».
Epimac Kwokwo, Chargé des Programmes à LDGL, a encouragé les journalistes à saisir les mécanismes de protection des droits humains des Nations-Unies. « Ne vous limitez pas à publier seulement les articles et/ou reportages. Il faut aussi saisir les organisations comme PPI, les mécanismes nationaux et ceux des Nations-Unies sur les abus dont vous êtes souvent victimes ».
Un appel qui a reçu l’écho favorable des participants. « Ces échanges nous ont permis de découvrir les outils de protection des journalistes et les enjeux y relatifs. Nous sommes contents d’avoir pris connaissance des mécanismes nationaux et internationaux qui protègent les journalistes ; cela va beaucoup nous aider dans le futur », a confié Amisi Musada, Journaliste à Débout RDC.
Ignace BONANE