Marqué par des années de violences liées à des conflits fonciers, l’activisme persistant des groupes armés et des tracasseries dans la zone du lac Albert, le territoire d’Irumu, dans la province de l’Ituri, tente de retrouver le chemin de la stabilité. Ces défis, profondément enracinés dans l’histoire locale et les dynamiques intercommunautaires, ont provoqué la méfiance, les déplacements de populations et la désintégration du tissu social.
C’est dans ce contexte tendu que se sont tenus, du 28 avril au 10 mai 2025, quatre dialogues communautaires inclusifs dans les chefferies de Baboa Bokoe, de Basili, de Bahema Boga, ainsi que dans le secteur de Bahema-Sud. Facilités par l’organisation Action pour la Paix et la Concorde (APC), ces échanges ont été organisés dans le cadre du programme RESET (Stabilisation Réactive par la Transition), mis en œuvre par un consortium dirigé par Mercy Corps, avec l’appui du Foreign, Commonwealth & Development Office (FCDO) du Royaume-Uni.
À l’issue de ces dialogues, près de 300 participants issus des communautés locales, des autorités politico administratives, de la société civile, des femmes, des jeunes et des leaders coutumiers ont signé des actes d’engagement. Tous ont exprimé leur ferme volonté de s’impliquer dans la recherche des solutions durables aux causes des conflits locaux.
« Au cours des travaux en carrefours et échanges en plénière, nous avons résumé les conflits identifiés dans nos villages autour de trois problèmes majeurs : les conflits fonciers, notamment les litiges liés aux limites administratives entre certains villages ; l’activisme des groupes armés ; et les tracasseries observées sur le lac Albert », peut-on lire dans ces actes d’engagement.
Sur la base des causes identifiées (entre autres l’ignorance de la loi foncière, l’insécurité, et les déplacements massifs de populations), les participants ont adopté un plan d’actions concrètes. Ce dernier prévoit notamment : des campagnes de sensibilisation sur la médiation et la loi foncière, l’organisation de dialogues intercommunautaires entre Hema et Ngiti pour réduire les tensions liées à la présence des groupes armés, ainsi que des actions de plaidoyer auprès des autorités provinciales pour qu’elles jouent un rôle plus actif dans la résolution des conflits communautaires.
« Je recommande la collaboration et la cohabitation pacifique. De telles initiatives constituent une voie vers la restauration de la stabilité », a déclaré Madame Nyangoma Marthe, responsable du service genre dans le secteur de Bahema Sud.
Elle promet de contribuer à la recherche de la paix dans sa communauté, à travers “les différentes structures locales de développement et de médiation”. Madame Marthe pense que le combat pour la stabilité passe par “ces engagements et actions communautaires”.
Pour assurer le suivi et la mise en œuvre des recommandations, des commissions mixtes de neuf membres ont été mises en place dans chaque entité. Ces structures locales bénéficieront de l’appui du Programme RESET afin de transformer les engagements en actions concrètes.
Pour rappel, RESET est un programme triennal mis en œuvre par un consortium de six organisations : Mercy Corps, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), Justice Plus, APC, CORACON et SOFEPADI. Il a pour objectif de promouvoir la paix et la stabilité locales dans l’Est de la République démocratique du Congo, notamment dans les territoires de Beni (Nord-Kivu) et d’Irumu (Ituri).
Rédaction