Rédaction Alors que le gouvernement congolais engage un dialogue délicat avec les rebelles de l’AFC-M23, un autre front s’ouvre sur la scène politique et judiciaire : l’ouverture du procès contre l’ancien président Joseph Kabila. Une procédure historique, certes, mais dont le timing soulève de nombreuses interrogations.
Peut-on juger un ancien chef d’État alors même que la nation cherche un équilibre précaire, dans un contexte de guerre, de méfiance et de compromis ?Ce procès, attendu par certains comme un acte de justice et de reddition des comptes, survient à un moment où l’État congolais devrait faire preuve d’unité, de stabilité et de concentration stratégique.
Or, cette initiative judiciaire intervient alors que le gouvernement est en pleine négociation avec l’AFC-M23 et ses alliés supposés, dans une région meurtrie où chaque geste politique est scruté, interprété, parfois instrumentalisé.
Faut-il y voir un signal fort envoyé aux populations, affirmant que plus personne n’est au-dessus de la loi ? Ou plutôt une diversion politique, destinée à masquer les fragilités internes, détourner l’attention et affaiblir certaines figures emblématiques de l’ancien régime, à l’heure où un nouveau rapport de force se dessine dans l’Est ?
Quoi qu’il en soit, la juxtaposition d’un processus de paix incertain et d’un procès à haute intensité politique risque de polariser davantage l’opinion, de diviser les forces politiques, et de fragiliser l’architecture institutionnelle au moment même où l’unité nationale devrait être la priorité.La justice est nécessaire, mais elle doit être perçue comme impartiale, équitable et détachée des intérêts politiques immédiats.
Dans le cas contraire, elle risque d’alimenter le feu qu’elle prétend éteindre.À l’heure où la RDC joue une partie délicate entre guerre et réconciliation, il est légitime de poser la question : ce procès est-il une avancée démocratique ou une manœuvre stratégique ? L’Histoire, très bientôt, nous donnera la réponse.
