Les manifestations contre le pouvoir à Madagascar prennent de plus en plus d’ampleur. Ce samedi 11 octobre, des groupes de soldats ont rejoint le cortège dans les rues d’Antananarivo, et un contingent de l’armée malgache a appelé à « refuser les ordres de tirer » sur les manifestants. La pression monte encore sur le président Andry Rajoelina.
Les points essentiels
► Depuis le 25 septembre, des manifestations secouent Madagascar, portées notamment par le collectif Gen Z. La colère contre les coupures d’eau et d’électricité s’est muée en fronde plus large contre le pouvoir.
► Le président de la République, Andry Rajoelina, 51 ans, est très contesté par les manifestants. Ses consultations menées ces dernières semaines en marge des manifestations n’ont pas calmé la colère. La Gen Z, hostile au président Rajoelina, attend sa démission, ainsi que celle du président du Sénat.
► Les manifestations de ce samedi 11 octobre à Antananarivo sont les plus importantes depuis le début du mouvement. Des militaires ont décidé de se joindre aux manifestants, et une unité de l’armée appelle à la désobéissance pour protéger les civils.
► D’après un bilan des Nations unies contesté par le pouvoir malgache, au moins 22 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations le 25 septembre, et il y aurait plus d’une centaine de blessés. Selon Rajoelina, les « pertes de vies » ne seraient « que » de 12, « des pilleurs et des casseurs ».
Les horaires sont indiqués en heure TU (Paris-2)17h24 : Les vols de la compagnie Air France vers Madagascar suspendusLa situation confuse sur la Grande-Île a des répercussions dans le trafic aérien. La compagnie Air France a suspendu, samedi, ses vols vers Madagascar.17h12 : Rajoelina muet et absentLe correspondant de RFI à Antananarivo, Guilhem Fabry, évoque aussi le président de la République, Andry Rajoelina. Celui-ci « n’a pas pris la parole » de la journée.
« On ne sait pas avec certitude où il se trouve à l’heure actuelle », précise-t-il. Par ailleurs, des « scènes de pillage » ont été constatées dans le sud de la capitale.17h06 : « Ambiance calme » sur la Place du 13-Mai à Antananarivo en début de soirée À 20h00 à Antananarivo (17h00 TU), notre correspondant Guilhem Fabry a pris la parole depuis la capitale malgache.
« L’ambiance est calme. Les quelques centaines de personnes présentes sont en train de se disperser en petits groupes, après que quelques détonations ont retenti non loin de la Place du 13-Mai », rapporte-t-il.

« Tout à l’heure, on a pu observer des scènes de liesse. Les manifestants ont brandi des drapeaux malgaches et allumé quelques feux. L’avenue de l’Indépendance est plongée dans le noir. Ce qui est frappant, c’est que plus aucun militaire, gendarme ou policier n’est ici visible. Depuis deux semaines, ils étaient pourtant déployés en masse, par centaines, nuit et jour dans le centre de la capitale », poursuit le correspondant de RFI.
16h22 : Le drapeau malgache très présent dans les mains des manifestants15h54 : « N’obéissez plus aux ordres », insiste l’unité de l’armée qui a pris la paroleLes membres du contingent de militaires s’adressent encore aux autres corps de l’armée malgache : « Fermez les portails et attendez nos instructions. N’obéissez plus aux ordres venant de vos supérieurs. Braquez vos armes sur ceux qui vous ordonnent de tirer sur vos frères d’armes car ce ne sont pas eux qui vont s’occuper de notre famille si jamais on meurt. »

Le nombre de soldats ayant répondu à cet appel n’était pas connu dans l’immédiat. Mais des véhicules chargés de soldats armés ont rejoint dans l’après-midi des milliers de manifestants rassemblés dans la zone du lac Anosy, dans le sud de la capitale, où la police avait tiré des grenades lacrymogènes pour tenter de les disperser, montre une vidéo de l’AFP.
15h46 : Une unité de l’armée appelle à « refuser les ordres de tirer » sur les manifestantsUn contingent de l’armée malgache posté près d’Antananarivo a appelé les forces de sécurité à « refuser les ordres de tirer » sur la population, alors que plusieurs milliers de manifestants dans la capitale ont été rejoints par des militaires.
« Unissons nos forces, militaires, gendarmes et policiers, et refusons d’être payés pour tirer sur nos amis, nos frères et nos sœurs », ont déclaré dans une vidéo des soldats du CAPSAT (Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques), stationnés sur l’importante base militaire du district de Soanierana, en périphérie d’Antananarivo.
« Les jeunes peinent à trouver du travail alors que la corruption et le pillage de la richesse ne cessent de s’accroître sous différentes formes » et que « les forces de l’ordre persécutent, blessent, emprisonnent et tirent sur nos compatriotes », ont souligné ces soldats.
« À tous les militaires, ceux qui sont prêts à prendre leurs responsabilités, rejoignez immédiatement le CAPSAT (…) Vous, les militaires aux palais présidentiels d’Iavoloha et d’Ambohitsorohitra, quittez votre poste et rejoignez vos camps d’origine (…) Vous qui êtes à (l’aéroport international d’)Ivato, empêchez tous les aéronefs sans distinction de décoller », ont dit les militaires.
15h40 : Des groupes de soldats rejoignent les manifestants dans les rues d’AntananarivoDes groupes de soldats malgaches ont rejoint les manifestants dans les rues d’Antananarivo, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Des véhicules chargés de soldats armés ont rejoint des milliers de manifestants rassemblés dans la zone du lac Anosy, dans le sud de la capitale, où la police avait tiré des grenades lacrymogènes pour tenter de les disperser, montre une vidéo de l’AFP. Les manifestants ont crié « Merci » aux militaires, dont certains brandissaient des drapeaux malgaches.
Avec RFI