L’organisation non gouvernementale (ONG) Dignité Humaine Organisation (DHOrg) a rendu publique lundi, une déclaration documentant des violations graves des droits humains et du droit international humanitaire au Sud-Kivu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), entre le 2 et le 10 décembre 2025.
Selon le bilan provisoire de l’ONG, ces violences, impliquant des Forces Armées de la RDC (FARDC), les Forces Nationales de Défense du Burundi (FNDB), des milices locales Wazalendo et le mouvement armé AFC/M23, auraient coûté la vie à 199 civils et fait 203 blessés dans les territoires de Walungu, Kabare et Uvira au Sud-Kivu.
DHOrg affirme que les affrontements se sont déroulés dans des zones habitées, exposant directement les populations. Les faits documentés par l’ONG révèlent plusieurs incidents graves dont du 2 au 4 décembre où des combats intenses dans les axes Katogota-Luvungi, Kaziba-Haut plateau et Kamanyola auraient fait 31 morts et 28 blessés civils. L’ONG mentionne l’utilisation d’armes explosives, avec des bombes signalées comme provenant du territoire burundais ou des positions Wazalendo.
D’après l’ONG, le 4 décembre, une attaque attribuée aux miliciens Wazalendo contre l’EP Murhesa à Mudaka (Kabare) aurait blessé trois élèves et tué un jeune homme. Du 5 au 7 décembre, l’ONG fait état de la mort d’au moins 74 civils et 83 blessés à Luvungi, Lubarika, Mutarule et Lemera. Durant cette même période, 86 civils revenant du marché auraient été interceptés par des soldats burundais, des Wazalendo et des FARDC ; 46 d’entre eux auraient été tués après des menaces, des tortures et des viols de femmes.
Du 8 au 10 décembre, des bombardements menés par les FARDC et leurs alliés lors de leur repli à Sange auraient causé la mort d’au moins 38 civils et plus de 89 blessés. Neuf autres personnes, dont un journaliste de la Radio communautaire Kiliba FM, Janvier Lwesho, auraient été tuées près d’Uvira.
DHOrg dénonce également des atteintes au droit international humanitaire (DIH), notamment l’occupation et l’utilisation militaires d’écoles et d’hôpitaux, compromettant l’accès à l’éducation et aux soins. L’ONG déplore que plus de 391 000 élèves soient privés d’accès à l’éducation.
L’ONG rapporte par ailleurs la privation arbitraire de liberté de civils appartenant à la communauté Banyamulenge, interceptés et détenus par des forces gouvernementales et des groupes Wazalendo. DHOrg avance que plusieurs de ces civils ont été exécutés sommairement, des actes qui « semblent avoir été motivés par l’appartenance réelle ou supposée au groupe communautaire spécifique.»
Ces violences ont engendré le déplacement de «entre 200 000 et 500 000 personnes », indique l’organisation. Qualifiant les faits de crimes de guerre et potentiellement de crimes contre l’humanité au sens du Statut de Rome, DHOrg exhorte les autorités nationales, régionales et internationales à agir.
L’organisation « Dignité Humaine Organisation» a lancé un appel au respect strict du droit international humanitaire (DIH), la libération immédiate de toutes les personnes détenues arbitrairement, la démilitarisation des écoles et des structures sanitaires ainsi que l’ouverture d’enquêtes indépendantes, impartiales et crédibles pour établir les responsabilités et prévenir l’impunité.
Rédaction