Rédaction C’est une lueur d’espoir pour les usagers de la route menant au cimetière de la Ruzizi, dans la ville de Bukavu. En effet, le gouverneur de province, Jean-Jacques Purusi, a lancé ce vendredi 3 janvier 2025 les travaux de construction de cette route située dans le quartier Nyalukemba, dans la commune d’Ibanda.
Cette information a été relayée par une missive de la cellule de communication du gouvernorat de province, largement partagée sur les réseaux sociaux. Celle-ci annonce que les travaux, d’une durée prévue de trois mois, seront conformes aux standards modernes.
« D’une longueur d’environ 2 kilomètres, cette route sera entièrement asphaltée, répondant aux standards modernes. Lesdits travaux s’étaleront sur une période de trois mois et seront réalisés dans le respect des normes de qualité et des délais fixés », peut-on lire dans cette communication.
Bien qu’elle mène là où les morts sont censés reposer en paix, cette route présentait jusqu’alors une image désolante. Son état de délabrement avancé transformait tout passage en un véritable calvaire, notamment en saison des pluies.
Flaques d’eau par-ci, bourbier par-là : ce sont dans ces conditions que familles, amis et proches des défunts devaient emprunter cette voie pour se rendre au cimetière.
Un habitant de la place, témoignant fin 2024, a raconté un incident marquant : « Il y a quelques jours, un cortège funèbre est passé ici après une pluie. Le véhicule transportant le cercueil a glissé, et le cercueil est tombé jusque dans la vallée d’Irambo. Lorsque nous sommes descendus, nous avons constaté que le cercueil s’était ouvert et que le corps était sorti. Nous avons dû tout rassembler. C’était vraiment triste à voir, et tout cela à cause du mauvais état de cette route », a-t-il confié, visiblement attristé.
Depuis plusieurs années, des voix s’élevaient déjà pour demander la réhabilitation de cette route, mais sans succès, malgré de nombreuses manifestations. Le 29 novembre 2024, les habitants du Camp Saïo et des environs ont organisé un sit-in, érigé des barricades et brûlé des pneus pour dénoncer l’état de délabrement très avancé de ce tronçon routier.
Face au silence des autorités, ces appels semblaient inefficaces. Peut-on alors dire que le gouverneur a finalement entendu les « cris des morts » dans leur profond silence ?
Un défenseur des droits humains, apprenant la nouvelle de la réhabilitation de cette route, a ironisé :
« Enfin, cela a été fait. Je me disais que pour qu’ils réhabilitent cette route, il faudrait peut-être que nous nous réveillions un jour et voyions des cadavres manifester pour réclamer la construction de la route qui mène à leur lieu de repos. »
En attendant, les travaux de construction de la route Ruzizi prendront trois mois, selon l’annonce du gouverneur Jean-Jacques Purusi lors du lancement. Pendant cette période, la route du camp militaire Saïo servira de déviation.
Frédéric BAGALWA
