Dans le marché de Murhesa en territoire de Kabare, la vie semble s’être ralentie. Entre espoir, incertitude et débrouillardise, commerçants et familles s’adaptent à une crise économique qui s’éternise.
Les étals sont pleins, les couleurs éclatantes des fruits et produits locaux tentent d’attirer les regards. Pourtant, les allées du marché restent étrangement calmes. Les voix qui s’élèvent sont celles des vendeuses et vendeurs, appelant des clients de plus en plus rares.
Là où autrefois régnaient des bousculades joyeuses et le brouhaha des négociations, on entend surtout les voix clairsemées des vendeurs tentant, avec insistance, d’attirer un chaland qui ne vient plus.« Les gens n’ont plus d’argent. Je viens vendre, mais je rentre souvent sans rien, on s’adapte comme on peut », explique Adela M’Gurafwambi.
Un pouvoir d’achat en chute libre
Depuis plusieurs mois, la crise économique s’est accentuée dans cette partie du territoire de Kabare en Province du Sud-Kivu.
La flambée des prix des produits de base, combinée à l’absence d’un revenu stable pour la majorité des ménages, rend la vie de plus en plus difficile.« Je vends des produits de première nécessité, mais même ça, c’est devenu difficile à écouler », confie Charlotte Nabintu.
Désiré Mulume, 27 ans, qui a repris le petit commerce familial depuis que son père est tombé malade, aujourd’hui, il prie juste pour que ses frères puissent continuer à aller à l’école.
Le marché de Murhesa qui vit au rythme de l’économie informelle, où chaque jour est une bataille, les frustrations, les peurs, et les stratégies de survie ne font que s’accentuer avec la crise sécuritaire et humanitaire qui secoue la région.
Dans les zones périphériques de Murhesa, la situation est parfois encore plus critique. Certains ménages ne viennent plus au marché que pour regarder. « On fait le tour, on espère tomber sur un reste, un don, une connaissance… »
L’attente d’un renouveau
Face à cette précarité persistante, les commerçants comme les habitants de Murhesa n’ont qu’un mot en bouche, l’ « espoir ».Ils demandent le changement de temps, que l’État intervienne et que l’économie redémarre. Mais pour l’instant, ce sont surtout les initiatives communautaires, les petits réseaux de solidarité, et la résilience individuelle qui maintiennent ce marché en vie.
Cet article a été produit dans le cadre du projet « Habari za Mahali », un projet du consortium RATECO, REMEL avec le soutien de Media4Dialogue de La Benevolencija.