Analyse d’Ignace BONANE, Journaliste
« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». C’est cette citation de Pierre Corneille qui élucide au mieux l’exploit réalisé par le tout jeune parti politique Alliance des Nationalistes pour un Congo Emergent, ANCE, lors des élections des membres du bureau de l’Assemblée provinciale, des sénateurs, du gouverneur et du vice-gouverneur au Sud-Kivu.
Sans nul doute, les animateurs du bureau, les sénateurs, le gouverneur et le vice-gouverneur sont l’émanation directe de l’Assemblée provinciale. Au Sud-Kivu, le jeune parti ANCE de Norbert Basengezi Katintima compte 4 députés provinciaux sur les 48.
Malgré ce faible chiffre, l’ANCE a réussi à faire élire le Président du bureau de l’Assemblée provinciale. Elle a eu le meilleur score aux sénatoriales (11 voix) et son rôle dans l’élection du ticket au gouvernorat a été notable.
Est-ce un coup de chance ? De l’opportunisme ? Du management politique ?
En fait, l’ANCE est l’un des partis politiques membres de l’Union sacrée ; famille politique du Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Au Sud-Kivu, comme au niveau national, nul besoin de rappeler que, l’USN peine à se structurer. Cela se traduit entre autres par les désordres criants dans la gestion des ambitions et des alliances politiques avec les partenaires.
Les membres d’une même famille politique se disputent des postes qui, jadis étaient repartis, amiablement dans des salons politiques. Existe-il une coordination provinciale de l’Union sacrée au Sud-Kivu ? Visiblement, non. Cela malgré la présence deux Sudkivuciens au présidium.
Fort de son expérience politique, didactique et tactique, l’autorité morale de l’ANCE a compris cette cacophonie. Ainsi, Norbert Basengezi Katintima, alors candidat Sénateur, a prêché l’unité et le développement du Sud-Kivu. Sa personnalité et sa notoriété sur le plan provincial et national ont constitué une arme forte qui a explosé l’impasse autour de la gestion des institutions de la province du Sud-Kivu pour les cinq prochaines années.
Si le parti présidentiel Union pour la Démocratie et le Progrès Social, UDPS, était prêt à faire alliance avec l’ANCE pour le ticket UDPS-ANCE (avec Baka Wa Bana comme vice-gouverneur) ; ce n’est qu’à la dernière minute que l’AFDC-A de Modeste Bahati Lukwebo (première force politique à l’Assemblée provinciale) va surgir et exiger ce qui lui reviendrait de droit ; le gouvernorat de province.
Malgré ces vicissitudes politiques, l’ANCE n’a pas désarmé. Celle-ci exige le bureau de l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu, profitant de la naïveté de l’Union pour la Nation Congolaise, UNC, (deuxième force à l’Assemblée provinciale) qui aurait fait « le cavalier solitaire » ; pourtant membre du présidium de l’Union sacrée.
Conséquences, le 17 Avril 2024, le député Zihindula Kabeza Feston de l’ANCE est élu Président du bureau définitif de l’Assemblée provinciale avec 33 voix sur les 48 députés votants. Parmi les 5 membres du bureau définitif de l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu, 2 sont de l’AFDC-A, 1 de l’ANCE qui ne compte que 4 députés provinciaux, 1 de l’UDPS et un autre de l’AB-50.
Le 29 Avril 2024, l’autorité morale de l’ANCE, Norbert Basengezi Katintima est sénateur au Sud-Kivu avec 11 voix, faisant de lui, le meilleur élu aux sénatoriales en RDC.
Le jeudi, 2 Mai 2024, a marqué la consécration du vrai ticket de l’Union sacrée au gouvernorat du Sud-Kivu ; grâce notamment à l’apport de l’ANCE. Pour preuve, aussitôt proclamé gouverneur élu au deuxième tour, Jean-Jacques Purusi a reçu les félicitations et bénédictions de l’autorité morale de l’ANCE.
Pendant que plusieurs partis politiques sont allés à ces élections en marche arrière et en solo, l’ANCE aura pris le pari de monter une machine politique solide et intelligente. Cet investissement a porté des fruits dans la mesure où, ce jeune parti, avec ses quatre députés provinciaux, est la plus grande révélation des scrutins indirects au Sud-Kivu.
A la faveur des enjeux politiques de l’heure au Sud-Kivu et en RDC en général, le jeune parti ANCE est devenu, par la force des choses, une figure majeure de la scène politique avec laquelle, l’Union sacrée devra désormais compter.