A l’occasion de la Journée internationale de la lutte contre l’impunité des crimes commis contre les journalistes, Partenariat pour la Protection Intégrée (PPI) a rendu public un rapport alarmant ce samedi 02 novembre sur la situation de la liberté de la presse dans l’Est de la République Démocratique du Congo.

Présenté par Jonathan Magoma, Directeur exécutif par intérim de PPI, ce rapport met en lumière les conditions précaires et dangereuses dans lesquelles évoluent les professionnels des médias, particulièrement dans les zones touchées par les conflits armés.

“D’août à octobre 2024, PPI a documenté 14 cas de violations et d’abus contre des journalistes et des médias dans quatre provinces de l’Est”, a-t-il dit.

Le Nord-Kivu arrive en tête avec neuf cas, suivi du Sud-Kivu avec quatre, tandis qu’un cas a été enregistré en Ituri. “Aucun incident n’a été relevé au Tanganyika, bien que cette province reste également exposée à une criminalité urbaine croissante et à une insécurité généralisée”, poursuit-il.

Parmi les cas documentés, sept sont directement liés au travail journalistique des victimes. Les sept autres relèvent de circonstances moins claires, mais témoignent d’un climat d’insécurité généralisée où les journalistes deviennent des cibles.

Le rapport signale également des assassinats récents de journalistes dans la région. “Le 4 août, Ghislain Kasonia, journaliste à Radio Upendo Kivu, a été retrouvé sans vie au stade Maurice de Furu à Butembo, dans des circonstances encore non élucidées. Un autre crime atroce a été commis le 27 septembre lorsque Edmond Bahati, coordonnateur de la Radio Maria de Goma, a été abattu par des hommes armés alors qu’il rentrait chez lui. Bien que ses meurtriers aient été arrêtés, leur procès n’a toujours pas commencé, suscitant de vives inquiétudes sur la justice pour les victimes et leurs familles”.

Selon ce rapport de PPI, les agents étatiques, notamment les forces de sécurité, sont responsables de 69 % des violations documentées cette année. Les groupes armés occupent la deuxième position, suivis d’inconnus, de partisans de partis politiques et de clubs de sport. Les attaques contre les journalistes prennent diverses formes : menaces, agressions, assassinats, enlèvements, tortures, ainsi que des pillages et des pressions fiscales sur les médias.

PPI a également tiré la sonnette d’alarme concernant les « Wazalendo », des miliciens autoproclamés patriotes, accusés de harcèlement et de menaces contre les journalistes. Récemment, deux journalistes de la Radio Top Buzi FM, basée dans le territoire de Kalehe, ont échappé de peu à la mort et continuent de recevoir des menaces de mort.

À l’occasion de cette journée, PPI appelle les autorités congolaises à agir pour garantir la sécurité des journalistes et mettre fin à l’impunité.

« Nous invitons le Gouvernement à intensifier ses efforts pour protéger les journalistes et à poursuivre les enquêtes sur les meurtres et abus commis à leur encontre », a déclaré Jonathan Magoma.

Avec l’appui d’Internews et de la Coopération Suisse dans le cadre du projet « Protéger la liberté d’informer en République Démocratique du Congo (PROLIR) », PPI réitère son engagement à apporter assistance et protection aux journalistes.

En ce 2 novembre, PPI rappelle qu’il est essentiel pour une démocratie de garantir la sécurité de ses journalistes, et insiste sur l’importance de mettre fin à l’impunité qui entoure les violences à leur encontre.

Ignace BONANE

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