Depuis 2023, l’Association des Femmes des Médias (AFEM), à travers son bureau de recherche, mène des enquêtes sur la sextorsion en milieu scolaire, universitaire et professionnel.
Ce rapport a été publié lors d’une conférence tenue ce mardi 17 septembre 2024 à Bukavu, en présence d’acteurs stratégiques, notamment des autorités administratives, judiciaires, des services de sécurité, des défenseurs des droits des femmes et des partenaires internationaux œuvrant dans ce secteur.
Lors de sa présentation, Mme Georgette Nkunzi, chef des travaux, a souligné que sur un total de 320 femmes et jeunes filles interrogées, 221 ont affirmé avoir été victimes de sextorsion au travail, à l’école ou à l’université, soit un total de 69,1 %.
Ces résultats, obtenus à partir d’enquêtes utilisant une méthodologie mixte et des échantillons aléatoires simples, révèlent également que 94,4 % des femmes interrogées n’ont pas de connaissances sur la sextorsion.
Concernant les causes de l’accentuation de ce phénomène, les résultats de la recherche citent la pauvreté, les menaces, les accusations, les blagues, l’injustice, les promesses, les punitions, le langage inapproprié, les attentions injustifiées, le besoin de paix et les mauvaises notations…
“La sextorsion est définie comme un abus de pouvoir visant à obtenir des faveurs sexuelles, et AFEM ajoute qu’il s’agit d’une forme de corruption sexuelle pour obtenir un droit. Ce phénomène entraîne des conséquences telles que le traumatisme, le divorce, la culpabilité, la perte d’estime de soi, le favoritisme, la perte d’autorité et même la transmission des IST”, a déclaré Georgette.
AFEM promet de transmettre les résultats de ce rapport aux législateurs afin d’élaborer une loi réprimant spécifiquement la sextorsion.
En outre, cette organisation de défense des droits des femmes recommande aux pouvoirs publics d’adopter un comportement décourageant la sextorsion, limitant les possibilités de corruption sexuelle et sanctionnant les coupables.
À cette occasion, la responsable pays de KVINNA TILL KVINNA, qui finance ce projet, Evelyne Ndipondjou, a salué les efforts fournis pour la réalisation de ces recherches dans certaines régions de la province du Sud-Kivu.
“Merci à toute l’équipe de recherche de l’AFEM pour avoir mené cette enquête conséquente, et nous promettons de rester à vos côtés pour la suite”, a déclaré Evelyne Ndipondjou.
Il convient de noter que cette enquête a été menée à Bukavu ainsi que dans d’autres territoires, notamment Walungu, Kabare, Idjwi et Kalehe.
Patrick MAKIRO