« Nous continuons à lancer un SOS pour voir si les détenus qui vivent dans des conditions inhumaines dans la prison centrale de Kalehe peuvent être assistés. Ils ont besoin de la nourriture et de l’eau potable. Tout ça dénote de l’irresponsabilité des autorités territoriales, provinciales et même nationales » ; venant d’un acteur politique, d’aucuns n’y accorderaient pas d’importance ; déclaration politisée.

Certes ; ces propos sont d’un acteur de la société civile de Kalehe, touché par la situation inhumaine que traverse actuellement plus d’une trentaine de détenus dans cette maison carcérale.

Cette situation soulève des questionnements sur l’existence ou non des pouvoirs publics de l’Etat dans cette partie de la province du Sud-Kivu. Le ministre provincial de la justice est-il saisi du calvaire que traversent des citoyens congolais dans cette prison ? Y a-t-il un budget alloué au fonctionnement des prisons en RDC et dans la province du Sud-Kivu en particulier ?

« Peut-on imaginer un Etat sérieux qui abandonne ses citoyens enfermés quelque part sans la nourriture, ni de l’eau potable ? », s’interroge un habitant du territoire de Kalehe.

Ce que traversent les détenus à la prison centrale de Kalehe est tout sauf compatible avec les valeurs humaines.

« … le mois dernier, on a enregistré des cas de décès de suite de la famine dans cette prison », révèle un défenseur des droits humains à labeur.info.

Face l’indifférence des autorités politico administratives devant cette question des organisations de défense des droits de l’homme en province ne cessent de faire des alertes pour que ces détenus soient assistés.

De passage dans cette maison carcérale, une délégation de la Nouvelle Dynamique de la Société Civile conduite par son président national, Jean-Chrysostome Kijana, a fait des révélations accablantes  sur les conditions carcérales dans la prison de Kalehe.

« De tous les contacts sur place, il en est ressorti que la prison de Kalehe n’est pas reprise sur la liste d’installations pénitentiaires budgétairement prévues en province. Et que la petite subvention de 500$/mois que donnait le gouvernement provincial du Sud-Kivu n’arrivait plus depuis un temps, ce qui justifie cette situation dramatique qui est déplorée par tous. Il en ressort aussi que la prison de Kalehe ne dispose d’aucun dispositif sanitaire pour subvenir aux soucis de santé de ses pensionnaires.  Au-delà de la famine qui terrasse ces prisonniers, il s’observe une autre grave maladie qui les accable aussi mortellement et qu’ils appellent « eleki bonbons ». Cette grave maladie contagieuse attaque actuellement plusieurs détenus dont leur situation est aussi critique (voir photos en annexe) », lit-on dans une dépêche qui a sanctionné la visite de la NDSCI dans cette prison.

Définie comme un établissement clos, aménagé pour recevoir des délinquants condamnés à une peine privative de liberté, ou des prévenus en instance de jugement, la prison de Kalehe est loin de répondre à cette définition traditionnelle de la prison qui se veut d’être un établissement de rééducation sociale.

Peut-on rééduquer un délinquant en le mettent dans des conditions inhumaines ? Des observateurs avérés, répondraient par la négative ; au contraire c’est empirer sa délinquance.

D’un ton ferme, les DDH s’accordent que « nos prisons en général doivent cesser d’être des mouroirs ».

Dans la province du Sud-Kivu, la prison de Kalehe n’est pas la seule à faire face à cette situation désastreuse. C’est presque tous les trimestres que des morts et des cris de détresse sont signalés dans des maisons carcérales en province (prison de Kabare,…) sans que des dispositions ne soient prises au niveau local, provincial et moins encore au niveau national.

La Constitution de la RDC reconnait le caractère sacré de la vie humaine. A ce titre, priver quelqu’un de liberté n’est pas synonyme de la perte de la valeur humaine.

« Un prisonnier est une personne privée de liberté et détenue dans une prison », ce cet entendement, il y’a lieu de comprendre qu’un prisonnier est une personne à part entière et qui dispose, par conséquent, des droits.

Au vu de ces signaux au rouge, il est plus qu’urgent que la question de la dignité humaine soit prise en considération par les autorités ayant en charge le secteur pénitentiaire dans leurs attributions. Dans le cas contraire, les maisons carcérales en province seront transformées en mouroirs avec tous les risques que cela implique.

Ignace BONANE

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