Dans le cadre de l’émission « Chronique justice transitionnelle », produite par le Réseau des journalistes pour la justice transitionnelle Sud-Kivu avec l’appui technique et financier d’Impunity Watch, deux victimes de violences, Claude Dunia et Ntakwinja M’Bisimwa, ont partagé leurs histoires déchirantes, appelant à la justice et à la réparation pour les souffrances endurées.
Les années 1996-1997 ont laissé des cicatrices inoubliables dans la mémoire de Claude Dunia, qui se souvient avec douleur des événements tragiques qui ont frappé sa famille. Accueillant chez lui un homme et sa famille venus du Maniema pour des raisons d’études, il a été témoin de l’exécution de plusieurs personnes, dont tous ses visiteurs (le père, la mère et les deux enfants), au marché près de l’EDAP ISP.
“Nous avons vu des militaires tressés en mèches enterrer les corps. J’ai reconnu le papa grâce à ses vêtements”, raconte-t-il, la voix empreinte d’émotion. Les souvenirs de cette journée tragique le hantent encore, le plongeant dans un état de traumatisme qui affecte sa santé. “Les images peinent à disparaître de mon esprit. J’arrive à tenir grâce à la prière”, confie-t-il.
Ntakwinja M’Bisimwa, quant à elle, a vécu une expérience tout aussi traumatisante. Résidant à Kaniola avec son mari et leurs cinq enfants, elle a été enlevée par des bandits qui ont tué son mari et d’autres membres de sa famille dont son beau-père et son beau-frère. “J’ai passé trois mois dans la forêt avant de m’échapper”, se remémore-t-elle. Depuis, elle souffre de maladies et vit dans l’incertitude, sans résidence fixe et sans emploi.
Les deux victimes ont trouvé un certain réconfort en participant à des ateliers et réunions organisés par des ONG comme la Impunity Watch et SOS Justice. “Ces enseignements nous donnent espoir”, affirme Claude Dunia. Ils plaident ensemble pour que les auteurs de ces crimes soient traduits en justice et que les victimes reçoivent une réparation adéquate. “Nous demandons un appui matériel, car je n’ai pas les moyens d’aider ma famille restée au village”, ajoute Claude.
Ntakwinja, quant à elle, insiste sur la nécessité d’un logement stable pour elle et ses enfants, qui ne sont pas scolarisés. “Mon cœur saigne. Il est crucial que la vérité soit connue et que justice soit rendue”, déclare-t-elle avec ferveur.
Les deux témoins appellent également à la création de monuments en mémoire des victimes et à l’intégration de ces événements dans les programmes scolaires, afin que les générations futures se souviennent de ces tragédies. “Nous avons été enquêtés par FONAREV et attendons des nouvelles”, expliquent-ils, espérant que l’État congolais tiendra ses promesses d’assistance.
Leurs recommandations sont claires : « il est impératif que les auteurs de ces crimes répondent de leurs actes devant la justice, que les victimes soient soulagées selon leurs besoins spécifiques, et que l’État renforce la sécurité, notamment dans les zones rurales ».
Ignace BONANE