Depuis ce 20 mai, les zones contrôlées par la rébellion du M-23, sous l’aile politique de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC), en République Démocratique du Congo, sont soumises à une nouvelle mesure : l’interdiction formelle de l’usage, de la circulation et de la vente des sachets plastiques. Cette décision émane du vice-gouverneur en charge du développement au sein de l’AFC/M-23, dans ce qu’il qualifie d’effort de lutte contre la pollution et de protection de l’environnement. Mais sur le terrain, cette mesure suscite des réactions contrastées.

Dans un contexte de guerre et de précarité, cette interdiction frappe de plein fouet les populations locales, dont une partie tire ses revenus du commerce des emballages plastiques. Dans les marchés de fortune, notamment à Kadutu, à Bukavu, nombreux sont les petits commerçants qui s’inquiètent.

« La vente des sachets plastiques fait vivre beaucoup de familles. C’est un gagne-pain pour nous. La mesure peut être bonne, mais elle ne doit pas être brutale. Nous aussi, nous avons des enfants à nourrir », explique un vendeur rencontré sur place.

Pour Josué Aruna, président de la société civile environnementale, interviewé sur Radio Maendeleo à Bukavu, la décision, bien qu’impopulaire, repose sur une urgence écologique.

« Les sachets plastiques sont à la base de l’appauvrissement des sols et accentuent la fragilité de la terre, surtout pour les cultivateurs. Cette mesure est salutaire, mais elle doit être modulée selon les réalités locales », précise-t-il.

Des études locales menées à Bukavu, notamment par l’entreprise sociale Plastycor, montrent que les déchets plastiques constituent une source importante de pollution, mais aussi une opportunité d’emploi.

En 2024, cette structure avait permis à plus de 700 femmes et jeunes d’apprendre à transformer les plastiques usagés en produits réutilisables tels que des sacs, des sandales ou encore des pavés.

Le projet « L’or dans nos poubelles », soutenu par plusieurs ONG et radios communautaires comme la RTNK et Radio Okapi, illustre également que les déchets plastiques peuvent devenir un moteur de développement local et durable.

Face à ces tensions, les appels se multiplient pour une approche progressive et inclusive.

L’objectif, selon plusieurs acteurs de la société civile, devrait être de remplacer les sachets plastiques par des alternatives écologiques, tout en accompagnant les commerçants et les familles dépendantes à travers des programmes de reconversion.

La guerre à l’Est de la RDC a déjà fortement fragilisé les économies locales. Imposer des mesures environnementales sans stratégie de transition pourrait aggraver la pauvreté. Une solution durable nécessiterait un dialogue entre les autorités locales, les acteurs environnementaux et les communautés de base, pour que l’écologie ne soit pas perçue comme une nouvelle forme d’injustice sociale.

Pacifique Mulemangabo

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