L’émission « Chronique Justice transitionnelle », produite par le réseau des journalistes pour la justice transitionnelle au Sud-Kivu et soutenue par l’Organisation Impunity Watch, a récemment abordé la participation des victimes à la justice transitionnelle en République Démocratique du Congo (RDC) et au Sud-Kivu en particulier. Présentée par Bertin Bulonza et Ibag Bagenda (membres du Réseau des Journalistes pour la Justice Transitionnelle au Sud-Kivu), l’émission a mis en lumière les témoignages de victimes et d’un acteur de la société civile sur les défis et les espoirs liés à ce processus essentiel.
Jeannette Bora, l’une des victimes, a partagé son expérience tragique. Elle a perdu son frère en 1996, abattu avec un ami dans leur salon par des bandits. Pour elle, la justice transitionnelle représente une lueur d’espoir : « Si les auteurs de ces crimes reconnaissent et répondent de leurs actes, nous pouvons trouver du soulagement après toutes ces années. »
Professeur Espoir Amani, président des victimes dans la commune d’Ibanda, a souligné les obstacles majeurs à l’établissement de la justice transitionnelle en RDC. Selon lui, le gouvernement congolais tarde à agir malgré les appels à la justice de figures respectées comme le Docteur Dénis Mukwege. « Comment un gouvernement responsable peut-il ignorer les fosses communes et le rapport mapping ? » s’est-il indigné. Il a également exprimé la crainte que le retard dans la justice entraîne la « disparition des traces » des crimes commis.
Les intervenants ont convenu que les victimes doivent jouer un rôle actif dans le processus de justice transitionnelle. Jeannette a insisté sur l’importance de dénoncer les crimes à travers des organisations telles que SOS Justice et Impunity Watch. Stella Yanda, actrice de la société civile, a ajouté que la justice transitionnelle doit être centrée sur les victimes et leurs revendications concrètes. Elle a souligné que l’absence d’une politique nationale de justice transitionnelle en RDC entrave les efforts des victimes et des organisations qui les soutiennent.
« Nous espérons que l’actuel gouvernement s’impliquera davantage dans ce processus, car c’est lui qui a la compétence pour instaurer la justice transitionnelle », a-t-elle déclaré. Stella a également noté que le regroupement des victimes selon leurs expériences spécifiques est crucial pour renforcer leur voix collective.
Les invités ont unanimement convenu que la reconnaissance des souffrances des victimes est essentielle. Le Professeur Espoir a plaidé pour l’érection de monuments sur les lieux de crimes, soulignant que cela permettrait à l’État de reconnaître les atrocités commises contre des citoyens innocents. « Déterrer les fosses communes et enterrer nos compatriotes avec honneur est un acte de dignité », a-t-il affirmé.
Les échanges de cette émission révèlent un consensus sur la nécessité d’une action immédiate pour établir une justice transitionnelle efficace en RDC. Les victimes, soutenues par la société civile, doivent être au centre de cette démarche pour garantir la vérité, poursuites, la réparation et la garantie de non-répétition des crimes.
Espoir KAMBA