La fermeture des banques dans la ville de Bukavu et dans les territoires sous occupation de l’AFC-M23, en province du Sud-Kivu, est à l’origine d’énormes difficultés socio-économiques. L’accès aux comptes bancaires est presque impossible, provoquant une hausse des prix des produits de première nécessité et une instabilité du taux de change dans la ville de Bukavu et dans l’ensemble de la province.

À Kamanyola, dans le territoire de Walungu, les enseignants des écoles primaires et secondaires, tant officielles que privées, les agents des organisations humanitaires et les hommes d’affaires, qui dépendent des banques et des coopératives d’épargne et de crédit, sont plongés dans une crise financière.

Un changeur de monnaie local rapporte que le taux de change varie quotidiennement et que les retraits via Airtel Money sont lourdement taxés à hauteur de 10 %.
« Je demande aux autorités de nous venir en aide, de financer les coopératives. En outre, j’invite les banques à rouvrir afin que nous puissions avoir accès à nos comptes », plaide-t-il. Il encourage également les banques à développer le mobile banking et la digitalisation pour contourner ces difficultés.

Dans le territoire de Kalehe, à plus de 60 km au nord de Bukavu, les enseignants des écoles publiques et conventionnées n’ont toujours pas reçu leurs salaires de janvier et février 2025. Privés d’accès à leurs comptes bancaires, ils peinent à subvenir aux besoins de leurs familles. Patrice Lusheke, enseignant dans une école primaire à Mbinga, décrit la difficulté de son quotidien :
« Ma vie est extrêmement difficile à cause de la fermeture des banques. Ces derniers temps, nous survivons grâce aux produits des jardins familiaux. Je ne trouve pas d’argent. J’ai contracté des crédits et je ne sais pas à quel moment je pourrai les rembourser. Que les autorités politico-administratives et scolaires plaident en faveur de la réouverture des banques et du fonctionnement des institutions de microcrédit. »

Par ailleurs, les écoles privées et conventionnées, ne dépendant pas directement des banques, procèdent au recouvrement forcé des frais scolaires. Face à l’incapacité des parents à payer, certains élèves ont abandonné les cours.
« Nous n’avons plus d’espoir de gagner de l’argent. Nous ne pouvons pas payer les frais scolaires des enfants inscrits dans les écoles secondaires. La situation est très difficile. Les autorités doivent agir en urgence », lance Bora Baguma Christian, un parent de Mbinga.

Le professeur Akilimali Ndatabaye Ephrem souligne les conséquences économiques et sociales de cette crise :
« La vie est paralysée, car sans argent, on ne peut pas vivre. Nous sommes à une époque où presque tout notre argent est gardé en banque. Or, si la banque ne fonctionne pas, cela devient extrêmement compliqué. Les individus sont alors contraints de thésauriser. Or, la thésaurisation correspond à de l’argent improductif. D’autres seront poussés à effectuer des dépenses peu raisonnables parce qu’ils ont de l’argent en main mais ne peuvent pas l’épargner. Cela risque de déstabiliser davantage la situation économique », analyse-t-il.

Toutefois, certains enseignants et fonctionnaires de l’État ont pu percevoir leurs salaires de février 2025 grâce au service Pepele Mobile. Pour soutenir la population affectée par les conflits armés, certaines coopératives ont adopté la digitalisation de leurs services, permettant des transactions sans frais de retrait ni de dépôt.

Article produit dans le cadre du projet « Habari za Mahali », un projet du consortium RATECO, REMEL, avec le soutien de Media4Dialogue de La Benévolencja.

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