La suspension de certains services par Equity Banque Commerciale du Congo (BCDC), annoncée ce mardi 10 février 2025, soulève de vives préoccupations au sein de la population du Sud-Kivu. Cette décision, bien qu’étant une conséquence directe de la rébellion de l’AFC et M23 qui ravage l’Est de la République Démocratique du Congo, exacerbe la situation déjà fragile dans cette province.
Dans son communiqué, la banque informe ses clients que, malgré sa bonne volonté, plusieurs services ont dû être suspendus en raison des événements liés au conflit. Parmi les principales mesures prises, on note « la suspension de la paie des salariés ayant leurs salaires domiciliés dans cette institution bancaire ». Cela touche directement un grand nombre de travailleurs, déjà confrontés à une situation économique difficile en raison de la guerre. Par ailleurs, la banque indique qu’aucune pénalité ne sera retenue pour le retard des remboursements des prêts liés à cette situation exceptionnelle. Les seuls services opérationnels pendant cette période seront « les distributeurs automatiques de billets pour les retraits ». Là, aussi faut-il que la liquidité soit permanente pour répondre aux multiples besoins de clients.
Cette suspension de services bancaires survient dans un contexte déjà extrêmement tendu à cause du conflit entre les forces armées de la RDC (FARDC) et la rébellion de l’AFC/M23, qui a plongé la partie Est du pays dans une psychose généralisée. En effet, la population locale, déjà confrontée à des déplacements massifs, à l’insécurité et à des scènes de pillages (à Kavumu par exemple), se voit désormais privée d’un accès facilité à ses ressources financières, ce qui complique davantage son quotidien.
Le Sud-Kivu est une province stratégique, où une grande partie de la population dépend des services bancaires pour ses transactions quotidiennes, notamment le paiement des salaires et l’accès à des fonds pour faire face aux urgences. L’impact de cette suspension ne va pas tarder à se faire sentir, particulièrement sur les familles vulnérables, les fonctionnaires, ainsi que sur les petites et moyennes entreprises locales qui sont déjà en grande difficulté.
Face à cette situation, il devient urgent que les autorités provinciales du Sud-Kivu prennent des mesures pour protéger les intérêts de la population locale. Un dialogue constructif entre les responsables bancaires et les autorités gouvernementales pourrait permettre de trouver des solutions alternatives qui permettraient de maintenir une partie des services bancaires essentiels tout en tenant compte des réalités sécuritaires et logistiques. Il serait notamment pertinent de mettre en place des mécanismes qui facilitent l’accès aux paiements des salaires, la gestion des crédits et le retrait d’argent, tout en garantissant la sécurité des opérations.
Benjamin MUKANIRE