Le groupement d’Irambi Katana en territoire de Kabare fait face à plusieurs formes d’insécurité des femmes. C’est notamment les violences domestiques. Certaines femmes sont battues par leurs époux mais restent silencieuses par peur d’être abandonnées par ces derniers. D’autres qui essayent d’en parler, sont souvent sujet de rejet social et peinent à trouver réparation.

Une survivante qui s’est confiée à nous discrètement, relate le calvaire qu’elle traverse sous le toit conjugal.

“Il me bat presque chaque semaine et souvent sans raison valable. Je me réveille le matin pour aller au champ, je rentre à 17h, et cette heure est gravée dans sa tête. Parfois je rencontre un problème en cours de route et cela fait que j’arrive à la maison un peu en retard. Des jours comme ça, je n’entre même pas à l’intérieur de la maison car il m’attend à la porte avec sa ceinture. Une fois à la maison, toute fatiguée, il saute sur moi, il ne me donne même pas une minute pour lui dire ce qui m’est arrivée “, lâche cette mère de 6 enfants qui n’a pas dévoilé son identité.

Selon le récent feuillet d’information publié par Association des femmes des Médias, AFM Sud-Kivu, au dernier trimestre de l’an 2021, le seul groupement d’Irambi Katana a enregistré environ 60 cas des violences domestiques entre juin et septembre.

Situation que dénonce et condamne la coordinatrice de cette Association tout en réclamant justice. Elle pense qu’une loi spécifique doit être établie pour réprimer ce genre des violences.

“Nous déplorons et condamnons avec la dernière énergie ces violences conjugales qui s’érigent en drame et qui menacent la vie et l’intégrité physique des femmes. C’est inacceptable. Ça doit s’arrêter. Rien ne peut justifier la violence. La justice doit s’en saisir pour rétablir le droit. La vie est sacrée et les autorités sont appelées à la protéger. Il est urgent que la RDC se munisse d’une loi spécifique qui réprime les violences domestiques. L’égalité des sexes est alignée par les ODD comme gage de l’avenir durable. Cette égalité ne sera pas atteinte tant que subsistera la violence faite à la femme. Une seule femme violentée c’est déjà un drame”, insiste Julienne Baseke.

Les défenseurs des droits humains en province pensent que, si les infractions commises dans les foyers restent impunies c’est parce que beaucoup des femmes n’osent pas porter plainte contre leurs maris. Ils renseignent que même s’il n’existe pas encore une seule infraction en RDC qui s’appelle violence domestique, il existe quand-même plusieurs infractions qui se commettent au niveau de la famille, du ménage qu’on aligne derrière ce jargon.

“Certains comportements sont déjà pris en charge par la loi. Par exemple quand un homme tape sa femme, ça s’appelle coups et blessures volontaires. Il y’a beaucoup d’efforts qui sont fournis dans notre pays. Depuis 2015, il y’a une dynamique de la révision législative, et on a déjà la loi portant modalité d’application de la parité et des lois des femmes. Cette loi est porteuse de beaucoup d’innovations qui tendent à protéger la femme dans le ménage, dans la profession et dans le vécu quotidien. Il y’a le code de la famille de la RDC qui vient d’être modifié aussi (2016). Dans ce code, on trouve qu’il y’a beaucoup d’avancées en termes de la promotion et de la protection des droits des femmes surtout et même des droits de la protection de la famille. S’il s’agit d’une infraction commise au niveau de la famille, ça rentre dans les violences domestiques. Et du coup, la loi a déjà prévu des mécanismes pour sanctionner l’auteur de ces violences. Il suffit d’identifier l’infraction qui a été commise et qu’on peut aligner dans le jargon violences domestiques, puis regarder le taux de la peine, si c’est moins de 5 ans, il faut directement s’orienter vers le tribunal de paix. Si l’infraction est punissable de plus de 5 ans, là on va vers le tribunal de grande instance”, explique l’un d’eux, Maître Papy Kajabika.

Ce dernier ajoute que beaucoup des lois qui sortent, malgré leurs publications au journal officiel, ne sont pas domestiquées et leur existence est ignorée par la population.

“La faible vulgarisation se fait voir au niveau des populations et même au niveau de certains opérateurs judiciaires qui, parfois se retrouvent en train d’évoquer des anciennes lois alors qu’il y’a des Nouvelles qui sont déjà en vigueur”, dénonce-t-il.

Maître Kajabika demande au Gouvernement de fournir un effort pour la vulgarisation des lois qui sortent, pour la mise en œuvre de ces lois et pour permettre à la communauté de les domestiquer et de les consommer. À la communauté, de chercher de s’informer pour mettre fin à ces violences dans le groupement d’Irambi Katana en particulier et dans la province du Sud-Kivu en général.

L’autorité locale, quant à elle, dit ne pas être au courant de cette situation mais promet son implication pour que la femme de Katana soit protégée.

« Je ne suis pas au courant. Je dois creuser pour en savoir plus et cela dès maintenant. Nous devons savoir il y’a combien de cas, cela pourra nous aider dans la sensibilisation des masses. Je dois rencontrer les associations de développement pour qu’on sensibilise tout le monde et dans tous les villages, même à l’église pour voir si ça va changer », rassure Busane Mulenga Pierre, chef de groupement d’Irambi Katana dans le territoire de Kabare.

Notez que de 2021 à janvier 2022, AFEM a documenté 3 assassinats des femmes par leurs maris au Sud-Kivu, sans compter des graves préjudices subis par plusieurs femmes à la suite des violences domestiques.

Grâce Lola, JDH

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