« Le nsaka madesu, provoque des troubles digestifs sévères. Ce mélange peut entrainer la mort !»

Ces allégations sur le nsaka madesu, sont véhiculées de bouche à oreille depuis des années, et font que nombreux ménages de Mbinga Sud en territoire de Kalehe (environ 50 kilomètres de la ville de Bukavu au Sud-Kivu), ne préparent ni ne consomment plus le nsaka madesu, ont confié des membres des organisations des producteurs, des concessionnaires, des relais communautaires, des points focaux nutrition et des infirmiers titulaires de la zone de santé de Kalehe Bushushu.

« On nous a toujours dit que c’est du poison !», s’est écriée pour sa part Mme Aimée Bisuro, présidente de l’Organisation des Producteurs « Mabadiliko Ya Wezekana » (le changement est possible).

Ces acteurs agricoles, agents de santé et points focaux communautaires participaient à un atelier culinaire organisé le 12 février 2022 à Ihusi/Kalehe par le projet Feed the Future RDC, Renforcement des Chaînes de Valeur (SVC/Lima-Faidika), financé par le peuple américain et l’USAID. Ceci dans le cadre de sa nouvelle campagne de sensibilisation sur la consommation des haricots ainsi que du soja et leurs bienfaits sur la santé.

Le nsaka madesu n’est en effet rien d’autre qu’un mélange du pondu (feuilles de manioc pilés) avec le madesu (haricots). Ce mélange très populaire dans l’ouest de la RDC est très apprécié dans les provinces de l’ancien Bas-Congo, principalement dans le secteur de Mayombe d’où il est originaire.

Avec les influences culturelles diverses, le nsaka Madesu s’est répandu dans d’autres provinces de la RDC. Il est surtout devenu l’un des plats favoris des kinois (habitants de la capitale congolaise). On retrouve ainsi de temps en temps, dans cette partie de la RDC, le nsaka madesu dans le menu des buffets lors des grandes cérémonies (fêtes) et sur la carte de certains restaurants, a expliqué Néhémie Bakulikirha, nutritionniste au sein de SVC et facilitateur de cet atelier culinaire.

« Le mélange feuilles de manioc et haricots se consomme bel et bien régulièrement dans plusieurs zones de la RDC et ne cause aucun tort sur la santé humaine. Au contraire, comme nombreux mélanges des légumes et légumineuses, le nsaka madesu dispose des protéines et sels minéraux dont le corps humain a besoin », a-t-il informé pour rassurer la trentaine des participants à cet atelier.

Ce dernier a poursuivi que c’est lorsque l’hygiène dans la cuisine, la technique de préparation et de conservation des aliments, ne sont pas respectées, que certaines recettes comme le nsaka madesu, peuvent être dangereuses pour la santé humaine.

« Nous avons constaté en dialoguant avec les participants que nombreux ménages ici ne savent pas vraiment comment préparer le nsaka madesu. Ils nous ont dit qu’ils mettent d’abord les haricots au feu, puis en pleine cuisson, ils ajoutent les feuilles de manioc pilés et couvrent immédiatement la marmite. Ce n’est pas comme ça que l’on prépare les feuilles de manioc en soi, ni même le nsaka madesu. Lorsqu’on prépare les feuilles de manioc, il faut d’abord les ramollir dans de l’eau chaude avant de les piler et les mettre ensuite au feu. Il ne faut surtout pas couvrir la marmite les 30 premières minutes de la cuisson. Ceci afin que l’acide cyanhydrique contenu dans les feuilles de manioc s’évapore, car il peut provoquer des troubles digestifs, voire des crampes abdominales, et être mortel à forte concentration », a-t-il indiqué.

Et pour bien préparer le nsaka madesu et bénéficier de ses bienfaits pour la santé, les recettes du nsaka madesu sont nombreuses. Celle enseignée lors de l’atelier culinaire organisé par SVC/Lima-Faidika est très simple et consiste à tremper d’abord les feuilles de manioc dans l’eau chaude et les égoutter avant de les piler et les mettre au feu dans une casserole non couverte pendant environ 30 minutes. Le haricot aussi doit être cuit dans une autre casserole avant de le mélanger aux feuilles de manioc et d’ajouter l’huile de palme.

« Ça fait plus de 14 ans que je n’ai pas préparé cette recette. Je comprends maintenant que c’est notre manière de la préparer qui n’était pas bonne. Je vais commencer à nouveau à cuisiner ce plat et je vais aussi expliquer le processus de sa préparation aux mamans leaders de notre groupe », a confié Mme Nzigire Munganga, membre de l’Organisation des Producteurs Tuungane, après la démonstration culinaire et la dégustation de ce met.

D’autres participants se sont aussi réjouis d’avoir appris la technique appropriée pour réaliser la recette du nsaka madesu. Nombreux se sont engagés à réintégrer dans leurs habitudes alimentaires cette recette et de sensibiliser leurs communautés respectives sur cette autre manière de manger les haricots.

Précisons que cette campagne de sensibilisation lancée depuis début février 2022 va durer 2 mois. A travers notamment des ateliers culinaires, SVC/Lima-Faidika vulgarise et fait la promotion des différentes manières traditionnelles et modernes de préparer les haricots ainsi que le soja, afin d’amener les ménages de ses territoires cibles (Kalehe, Walungu, Kabare et l’île d’Idjwi) à réintégrer ces deux légumineuses très nutritives dans leur alimentation quotidienne, et prévenir ainsi la malnutrition.

Ignace BONANE

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