L’humanité a célébré ce mardi 12 avril 2022 la journée des enfants de la rue. Aucune cérémonie officielle n’a eu lieu à Bukavu. Selon le constat fait par LABEUR.INFO, plusieurs enfants vivant dans les rues de Bukavu souffrent d’un extrême dénuement et sont exposés à une violence quotidienne.
Expulsés de chez eux, sans attention ni soutien familial, ils sont victimes des sévices sexuels, physiques et affectifs.
“J’ai 10 à 12 ans, mon père est décédé et ma mère a suivi un autre homme à Goma. J’ai quitté de chez moi à Miti par ce que ma grand-mère qui je vivait chez lui m’avait chassé pour avoir cueilli des goyaves sur son arbre.
Alors j’ai décidé de venir en ville. Je n’avais pas où passer la nuit. Je me promenais à Nyawera quand je vis un type (lui aussi en enfant de la rue) qui s’appelle Mwenyezi mola. Il m’a demandé de l’argent et m’a dit que dans le cas contraire, il va m’égorger et il sortit son couteau. Quand je lui ai dit que je n’avais pas d’argent, il m’a dit de le suivre pour me montrer là où passer la nuit. C’est alors qu’il m’a amené là où, ils passaient la nuit dans une bâche derrière un véhicule abandonné à Nyawera, où j’ai rencontré un autre enfant de chez moi du nom de Irenge. C’est là où je vis depuis maintenant 3 ans”, nous a témoigné l’un d’eux.
Il affirme qu’ils n’ont pas d’accès assuré à l’alimentation, au logement ou à d’autres besoins élémentaires. Ils sont exploités par les adultes, qui les utilisent pour des activités illégales au détriment de leur santé et de leur bien-être, en violation de leurs droits humains fondamentaux.
“Je vis avec mes collègues. Le matin tout comme la nuit, chacun part se débrouiller de sa minière pour trouver comment manger. Les uns volent, les autres vendent des emballages, les autres font la mendicité et c’est ce que je fais. Nous menons une vie difficile mais nous n’avons pas de choix. Je peux souhaiter étudier dans une bonne école, comme je vois d’autres, enfants et préparer ma vie pour enfin devenir député”, a-t-il conclu.
Face à cette situation criante, certaines organisations de défense et de promotion des droits des enfants lèvent le ton. Celles-ci estiment que la protection des enfants doit être une responsabilité communautaire.
« La situation des enfants de la rue dans la province du Sud-Kivu et particulièrement dans la ville de Bukavu doit interpeller toute la communauté. Ces enfants sont à la merci des intempéries, des manipulations et sont souvent victime des abus graves », dénonce Ernest Muhero, coordonnateur du Réseau des Journalistes Amis de l’Enfant, RJAE, Sud-Kivu dans une interview accordée à Vision Shala TV.
Il faut rappeler que pour célébrer le 20ème anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant signée en 1989, l’UNESCO a organisé en 2009, la journée des enfants des rues. La date est restée dans le calendrier.
Frédéric BAGALWA, RJAE
