Le développement de la commune de Bagira, dans la ville de Bukavu, intéresse au plus haut point les conseillers municipaux récemment élus lors des élections du 23 décembre 2023 en RDC.
Pour mieux comprendre les réalités locales et répondre aux recommandations de la population, le conseiller municipal élu de Bagira, Samy Magadju, accompagné de certains de ses collègues honorables, affirme avoir effectué une descente dans les 10 quartiers que compte la commune de Bagira.
L’objectif principal de cette visite était de s’enquérir de l’état du développement local conformément aux revendications des électeurs.
Dans son rapport, Samy Magadju fait savoir que, dans les entités visitées, le constat est déplorable sur les plans sécuritaire, infrastructurel et administratif.
D’après lui, le bourgmestre de la commune de Bagira, Patience Bengehya, est impliqué dans des dossiers de vente de servitudes de l’État dans certains endroits pourtant censés protéger les biens communs, en tant qu’autorité communale.
L’absence de travaux communautaires, les fausses déclarations concernant les recettes fiscales dans les marchés, et la gestion chaotique de certaines avenues et quartiers figurent parmi les problèmes identifiés par le conseiller Samy et son équipe.
“Nous sommes des députés de proximité et, en ce sens, nous avions pour mission de visiter les 10 quartiers que compte la commune de Bagira. L’objectif était d’évaluer la gouvernance locale et de répondre à nos obligations en tant que parlementaires. Nous sommes passés de quartier en quartier, et le constat est amer. Il y a des plaintes partout : de la société civile, des cadres de base, des communautés locales de développement et d’autres organes. Parmi les multiples plaintes, on a noté que la question de la rétrocession est encore d’actualité et que la commune n’intervient pas dans les actions de développement des avenues et quartiers, comme cela se fait ailleurs. La vente des servitudes de l’État est également soulevée, et l’implication des autorités communales est pointée du doigt par la population. Il en va de même pour le marché pirate,” a déclaré Samy Magadju lors de sa déclaration du week-end dernier devant la presse locale.
Ce constat est également partagé par la nouvelle dynamique de la société civile du Sud-Kivu, qui affirme avoir reçu de telles plaintes de la part des habitants et souhaite que la question soit traitée en urgence pour répondre aux attentes de la population de cette partie de la ville de Bukavu.
Pour Wilfried Habamungu, porte-parole provincial adjoint de la NDSCI, il est temps que le chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, accélère le processus des élections communales pour doter les entités de dirigeants issus des élections, et non des nominations, qui ne conduisent pas toujours aux résultats attendus.
“La commune de Bagira est reléguée aux oubliettes depuis l’époque du RCD jusqu’à aujourd’hui. Nous demandons au chef de l’État d’organiser les élections urbaines dans un bref délai pour nous doter de dirigeants compétents et habilités. Nous voulons avoir un bourgmestre élu par les conseillers municipaux qui sont en place,” a-t-il déclaré.
Contacté, le bourgmestre de la commune de Bagira, Patience Bengehya, a réfuté toutes ces accusations portées contre lui et demande aux conseillers qui se sentent lésés de présenter les preuves de leurs accusations qui, selon lui, ne sont que des tentatives de diabolisation à son encontre.
“Certains conseillers communaux m’accusent de tous les maux mais sans preuves. Qu’ils apportent des preuves en rapport avec leurs accusations. Parmi eux, il y a ceux qui sont gênés par ma présence à la commune parce que j’ai fait l’effort de récupérer de nombreux biens publics qui avaient déjà été vendus, parfois avec la complicité de certaines personnes qui sont devenues aujourd’hui des conseillers. Malheur à ma commune qui compte aujourd’hui certains conseillers, élus par naïveté de ma population,” a-t-il répliqué.
Ces échanges surviennent dans un contexte où les tensions sont toujours vives entre le bourgmestre titulaire et son adjoint, Mme Venantie Bisimwa, qui, selon les dernières informations, n’est plus visible à la commune depuis quelque temps.
Patrick MAKIRO