Le mardi 17 septembre 2024, Mama Radio (96.6 FM) a accueilli l’émission “Vision d’espoir pour le développement”, présentée par Bonas Mutwedu et coordonnée par Jean-Claude Rhushangire Muhanzi, Coordonnateur de VEDIP Asbl. Cette édition s’est penchée sur un sujet brûlant : la gratuité de l’enseignement de base en RDC et la qualité de l’éducation, avec des invités de marque tels que Muchera Symphorien, directeur de l’école primaire EP 2 Ntwali, Lunga Philémon et Douglas Ntizabyo.
Retour sur l’enseignement gratuit des années 60-70 : une époque dorée ?
Doyen de l’enseignement congolais avec 52 ans de carrière, Muchera Symphorien a évoqué la période des années 60-70, lorsqu’un système d’enseignement gratuit offrait aux élèves des fournitures scolaires et des ressources pédagogiques abondantes. Les salles de classe étaient alors richement équipées de matériels didactiques, comme des cartes géographiques, des globes terrestres et des manuels gratuits dans les bibliothèques scolaires. À cette époque, l’enseignant, pleinement engagé dans l’éducation des élèves, jouissait d’un statut social respecté, rendant les grèves quasi-inexistantes.
Cependant, Muchera déplore la situation actuelle où, bien que la gratuité de l’enseignement ait été réintroduite, elle manque cruellement de mesures d’accompagnement. Les enseignants ne sont plus impliqués dans l’éducation de manière innovante, tandis que les élèves ne bénéficient plus du matériel adéquat pour un apprentissage de qualité. L’éducation gratuite, jadis synonyme d’excellence, est aujourd’hui affaiblie par des infrastructures et des ressources limitées.
Une décision salutaire mais mal accompagnée
Selon VEDIP Asbl, l’État congolais a levé un grand obstacle à l’accessibilité en supprimant la prime à l’éducation de base. Cependant, l’absence de mesures d’accompagnement a entraîné une baisse de la qualité de l’enseignement. Les élèves, bien qu’ayant accès à l’école, ne reçoivent plus une éducation capable de répondre aux besoins de développement de la société.
Des enseignants démotivés et des pratiques pédagogiques figées
Pour Ngoy Lunanga, un autre intervenant, les décisions prises dans le système éducatif émanent souvent de personnes déconnectées de la réalité vécue par les populations touchées. Les enseignants, autrefois des chercheurs pédagogiques, se retrouvent aujourd’hui démotivés, ce qui impacte négativement l’amélioration des pratiques pédagogiques. La logique des moyens a pris le pas sur la logique des résultats, et les enseignants peinent à s’adapter aux évolutions du système éducatif.
Des défis à relever dans les zones rurales et en contexte de conflits
L’émission a également abordé les défis spécifiques auxquels sont confrontés les territoires reculés du Sud-Kivu, tels que Fizi, Shabunda et Mwenga, où la déscolarisation est fréquente en raison de la pauvreté, des conflits armés et de la présence d’enfants dans les carrés miniers. Les intervenants ont insisté sur la nécessité de prendre en compte les contextes locaux pour proposer des solutions adaptées et durables.
Un système éducatif à repenser
Les invités ont souligné que les défis liés à la gratuité de l’enseignement de base en RDC nécessitent des efforts concertés des acteurs étatiques, humanitaires et de la société civile. La qualité de l’éducation, la motivation des enseignants et l’adaptation aux réalités locales doivent être les priorités pour garantir un avenir meilleur aux enfants congolais. Des réformes urgentes sont nécessaires pour redonner à l’éducation sa place au cœur du développement national.
La prochaine émission, prévue pour le mardi 23 septembre 2024, continuera d’explorer ces problématiques pressantes, toujours sur les ondes de Mama Radio de 12h à 13h.
Communication VEDIP
