Rédaction La ville de Bukavu fait face à un problème grandissant d’insalubrité, principalement dû à la gestion défaillante des déchets plastiques et biodégradables. Face à cette situation préoccupante, Patrick Murhula Gurhamanywa, jeune entrepreneur et consultant environnementaliste, interpelle les autorités provinciales et propose des pistes de solutions concrètes.
Au cours d’une interview exclusive avec Labeur Info ce mardi 24 septembre 2024, Gurhamanywa a exposé les enjeux de l’insalubrité à Bukavu, mettant en lumière la situation critique des déchets qui continuent de polluer les rues, les caniveaux, les cours d’eau, et le lac Kivu. Selon lui, la production journalière de déchets dans la ville s’élève à 898 tonnes, un chiffre alarmant révélé par les statistiques de la mairie de Bukavu et des chercheurs indépendants (UNHABITAT, IITA, Caritas, Tearfund, UOB, UEA, etc., en collaboration avec SOA-RDC).
Toutefois, seulement 135 tonnes, soit 15% de ces déchets, sont évacuées quotidiennement par les 23 structures gestionnaires membres du réseau SOA-RDC, dont son organisation “Sauvons Notre Avenir” (SAV) est affiliée. Certaines autres organisations non membres de la synergie évacuent environ 20 à 25 tonnes par jour. Ces chiffres démontrent qu’environ 80% des déchets ne sont pas pris en charge et finissent par encombrer les voies publiques et les cours d’eau, exacerbant ainsi la problématique d’insalubrité à Bukavu.
Des solutions basées sur la transformation et la valorisation des déchets plastiques
Pour répondre à ce défi environnemental, Patrick Murhula Gurhamanywa propose des solutions innovantes qui permettraient non seulement de réduire l’insalubrité, mais aussi de créer de nouvelles opportunités économiques pour les petites et moyennes entreprises (PME) locales et les ONG. L’une de ses propositions phares consiste à transformer les déchets plastiques en pavés destinés à la construction de routes.
Il suggère que le gouvernement provincial planifie la construction de 20 à 25 km de routes pavées dans les quartiers résidentiels, en utilisant 6 300 000 pavés obtenus à partir de 25 200 000 kg de déchets plastiques recyclés. Cette initiative, selon Patrick, créerait un marché sûr pour les pavés produits par les PME locales, garantissant ainsi un débouché stable pour les produits issus du recyclage.
Vers la réduction des emballages plastiques : un appel à l’action des autorités compétentes
Patrick Murhula Gurhamanywa recommande également que les autorités provinciales adoptent une politique de restriction progressive de l’importation des produits emballés en plastique. Cette mesure permettrait de réduire la quantité de déchets plastiques produits dans la ville et encouragerait l’utilisation d’emballages biodégradables.
Il estime également qu’une meilleure planification et un renforcement des efforts de collecte des déchets par les autorités municipales pourraient contribuer à une gestion plus efficace des ordures ménagères, en collaboration avec les ONG et PME locales.
Un appel à l’engagement citoyen et à la synergie des organisations
Patrick Murhula Gurhamanywa insiste sur la nécessité de mettre en place une synergie entre les organisations locales, les autorités provinciales, et la population afin d’apporter une solution durable à ce problème d’insalubrité. Pour lui, l’implication de tous les acteurs est essentielle pour réussir ce combat contre la pollution et pour améliorer la qualité de vie des habitants de Bukavu.
“Nous devons tous nous mobiliser pour assurer un avenir sain à notre ville. La gestion des déchets n’est pas seulement la responsabilité des autorités ou des ONG ; chaque citoyen doit jouer son rôle pour que Bukavu redevienne une ville propre et agréable à vivre,” a-t-il conclu.
Cet appel de Patrick Murhula résonne comme une urgence à laquelle les autorités provinciales et la population de Bukavu doivent répondre, en mettant en œuvre des solutions pratiques et efficaces pour lutter contre l’insalubrité qui gangrène la ville.
Rédaction
