A 20 ans, Kabumbe Baguma Samuel est le patron d’une boulangerie artisanale à Kaniola dans le territoire de Walungu au Sud-Kivu. Il fournit régulièrement du pain dans les carrés miniers de la région, avec une capacité de production de quatre sacs et demie de la farine du blé par semaine, soit un total de 18 sacs par mois (environ 450 kilogrammes).
Kabumbe Baguma Samuel confie que dans le passé, sa vie était émaillée des difficultés ; caractérisées par la misère, la pauvreté, la faim, etc. obligé de faire des travaux durs pour subvenir à ses besoins élémentaires.
« Malgré mon bas âge, je transportais des sticks d’arbres, des bois, des sacs de farine, des braises de la forêt à Lukumba jusqu’au centre (Kaniola) pour trouver de quoi grignoter. Je faisais même dix heures de marche avec ces fardeaux. En guise de récompense, je recevais soit la nourriture ou mille francs congolais (soit 0,5 USD). C’était vraiment une vie de souffrance extrême », décrit-il.
Par manque des moyens, Kabumbe Baguma Samuel a dû abandonner l’école en sixième primaire. Depuis lors, il vécut en dehors de l’école, pourtant en âge de scolarisation. Avec le financement du Fond des Nations-Unies pour l’Enfance, Unicef, le gouvernement de la RDC, à travers la division provinciale de l’EPST Sud-Kivu, met en œuvre, depuis 2020 à Walungu, le projet de résilience, encadrement et accompagnement des jeunes, des enfants et des adolescents en dehors de l’école. Ce projet se veut de former des jeunes adolescents non scolarisés en métiers en vue de leur réintégration sociale et autonomisation.
Parmi ces formations en métiers, l’on note la coupe et couture, la pâtisserie, la menuiserie, la coiffure mixte, la mécanique et la maçonnerie dans les groupements de Kaniola, Walungu et Mulamba.
C’est dans ce cadre que du 12 octobre 2020 au 12 janvier 2021, des dizaines de jeunes adolescents ont suivi pendant trois mois, entre autres, la formation en pâtisserie dans le territoire de Walungu. Kabumbe Baguma Samuel a mis à profit cette occasion pour apprendre la pâtisserie dans la boulangerie du formateur Ibungu Mutiki dans le groupement de Kaniola.
« En plus des théories sur la pâtisserie, j’ai appris comment faire les beignets, galettes, pains, gâteaux, etc. dans mon centre de formation. C’était une expérience intéressante et enrichissante ; que je n’oublierai jamais dans ma vie (…) Ma formation a été totalement prise en charge par l’Unicef. Pendant la formation, j’avais reçu un sac de farine (de blé), dix litres d’huile, cinq kilos du sucre, de la levure, du bicarbonate, des œufs, etc. pour la pratique des leçons théoriques apprises », explique Kabumbe Baguma Samuel.
Après la formation, ce jeune adolescent a vu son rêve se réaliser, grâce au kit de réinsertion sociale, mis à sa disposition par le projet, à l’instar d’autres jeunes bénéficiaires desdites formations.
« A l’issue de la formation, j’avais reçu presque le double des vivres reçus pour la pratique (pendant la formation). Après avoir reçu ces vivres, j’avais opté pour la fabrication du pain, en lieu et place des beignets, galettes, gâteaux, etc. (…) Avec l’assistance de mon formateur, j’avais installé un four à la maison pour la fabrication des pains ».
Avec une bonne réputation de ses produits sur le marché, Kabumbe Baguma Samuel est devenu autonome financièrement et réalise, désormais des projets de développement.
« Mes clients apprécient la qualité des pains que je fournis. Si non, ils n’allaient pas en commander pendant deux ans déjà (rire). Je me sens fier de ce que je fais car il y’a beaucoup de changements dans ma vie. Désormais, je mange à ma faim et m’habilles à ma guise. Au-delà de ça, j’ai une portion de terre et j’ai déjà acheté seize tôles, si tout va bien ; bientôt j’amorce les travaux de construction », révèle-t-il.
Dans la famille et entourage de Kabumbe Baguma Samuel, le changement est perceptible. « Samuel est devenu Mushamuka (Responsable en langue locale). Il contribue aux charges familiales. Il est devenu un modèle pour certains enfants du quartier. Ils préfèrent venir l’aider à préparer des pains ; et apprennent aussi de lui », témoigne une tente de Samuel trouvée à son four à Kaniola.
Kabumbe Baguma Samuel remercie l’Etat congolais à travers l’EPST et l’Unicef. Celui-ci souhaite avoir, lors des prochaines cohortes, des jeunes adolescents à encadrer dans la pâtisserie ; comme ce fut son cas, il y’a plus de deux ans.
Ignace BONANE RJAE
