Depuis quelque temps, l’agglomération de Nzulo, située à quelques kilomètres de Goma, est au centre d’une polémique entre les autochtones et l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN).
Tout est parti d’une campagne lancée par l’ICCN intitulée « Nzulo, ce n’est pas à vendre », destinée à appeler chacun à protéger cette zone supposée affiliée au Parc national des Virunga et riche en biodiversité. Une campagne qui a attisé les tensions et intensifié le conflit latent entre les habitants de Nzulo et l’ICCN.
Ce lundi 28 octobre 2024, la notabilité de Nzulo a tenu à clarifier la situation en qualifiant de « désinformation » cette campagne lancée par l’institut de conservation de la nature.
Les habitants de cette entité située dans le territoire de Masisi déplorent la manière d’agir de l’ICCN, qui, selon eux, vise à « justifier » les fonds reçus de l’USAID.
Pour Me Justin Kakese, l’un des avocats de la population de Nzulo, cette entité n’a jamais fait partie du Parc national des Virunga, l’acte des terres indigènes de 1945 étant clair sur ce point.
« Ayant échoué par toutes les voies de justice, à Goma comme à Kalemie, l’ICCN abandonne cette voie pour tromper la population de Goma en affichant des pancartes. Nous nous interrogeons sur la manière dont une simple pancarte pourrait déposséder une population de ses droits et sur la légitimité de cette action en contradiction avec les décisions de justice. C’est pourquoi nous affirmons que l’ICCN développe une manœuvre dilatoire pour désinformer le public et justifier les fonds perçus de ses partenaires. La zone de Nzulo n’a jamais fait partie du Parc des Virunga ; il existe un acte générateur de droits sur lequel ces populations se fondent », a déclaré Me Justin Kakese.
Pour Courage Kanane Bikanaba, notable de Nzulo, il n’est plus opportun de débattre de cette situation, la justice ayant déjà tranché. Tout habitant a le droit de gérer sa terre selon sa volonté.
« Aucune décision de justice n’a autorisé le déguerpissement de la population de Nzulo de ses terres, et nous pensons que c’est juste un moyen pour l’ICCN de soutirer des fonds de ses partenaires », a-t-il déclaré.
La société civile du groupement Kamuronza partage cette position et affirme qu’aucune action ne pourra être entreprise pour déloger les autochtones de leurs terres.
Léopold Mwisha, porte-parole de cette structure citoyenne, indique que celle-ci est prête à combattre cette « manœuvre » de l’ICCN.
« Nous n’avons aucune crainte, et nous sommes prêts à informer la population pour limiter la propagation des fausses informations », a-t-il précisé.
De son côté, l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) affirme que sa campagne vise simplement à sensibiliser les habitants pour protéger cette zone riche en biodiversité, qui fait intégralement partie du Parc national des Virunga.
Une situation qui mérite d’être suivie avec une attention particulière pour que chacun retrouve ses droits et qu’aucune violence ne soit exercée contre des citoyens paisibles.
Jonas Kasula, de retour de Nzulo