Les travaux de construction de la Route Nationale n°5 (tronçon Mumosho-Ngomo) accuseront un retard d’au moins huit mois. Cette situation fait suite au pillage des installations et de la base logistique de la société chinoise de construction SINOHYDRO 14, survenu récemment à Nyangezi, dans le groupement de Karhongo.
L’information a été confirmée à Labeur Info par Isaac MUPENDA, directeur régional de l’Agence Congolaise des Grands Travaux (ACGT) au Grand Kivu, lors d’une interview exclusive ce jeudi 6 mars 2025. Il a fait ce constat alarmant après une visite des lieux, où il a pu observer l’ampleur des dégâts causés par ce pillage.
Parmi les équipements dérobés figurent des machines de commande informatisées, des cartes mères contenant des données essentielles, du mazout, des fers à béton, des pièces de rechange, ainsi que divers outils informatiques et matériels de bureau. Ces vols, attribués à des individus mal intentionnés, compliquent considérablement la reprise des travaux.
« Nous sommes profondément choqués par ce pillage. Toutes les machines du concasseur ont été vandalisées et des pièces essentielles ont été emportées, notamment les ordinateurs de commande et les cartes mères », a déclaré l’ingénieur Isaac MUPENDA.
Face à cette situation, il lance un appel pressant aux auteurs de ces actes : « Que toute personne impliquée dans ce vol, que ce soit un receleur ou un voleur, restitue volontairement les objets dérobés avant d’être démasquée. Les enquêtes sont en cours. Ceux qui le souhaitent peuvent même déposer anonymement ce qu’ils ont pris aux alentours des concasseurs ou de l’enclos des Chinois. Ils peuvent aussi nous contacter pour organiser la récupération des équipements ».
L’ingénieur MUPENDA a expliqué que, bien que la reprise des travaux soit envisagée, elle dépendra non seulement de la résolution des contraintes financières, mais aussi de la commande et du transport des pièces volées, ainsi que de leur installation et des tests techniques nécessaires.
« Tout cela prendra au minimum huit mois, sans compter les éventuelles contraintes sécuritaires », a-t-il précisé.
Il a également exprimé son regret de voir que la population locale n’ait pas su protéger ces infrastructures pourtant cruciales pour le développement de leur région. Il appelle ainsi à un renforcement de l’éducation civique et morale auprès des jeunes et de toute la communauté afin de prévenir de tels actes à l’avenir.
Ce pillage survient dans un contexte déjà marqué par l’insécurité. Quelques jours avant l’arrivée des combattants du mouvement politico-militaire AFC/M23 dans le centre commercial de Munya, Nyangezi avait été le théâtre de pillages ciblés. Ceux-ci avaient été menés par des individus non identifiés, parmi lesquels figuraient des militaires et des civils indisciplinés. Plusieurs commerces, habitations et institutions locales avaient été touchés.
Alors que les travaux de la RN5 sont censés améliorer la connectivité et stimuler l’économie locale, ce retard risque d’avoir des répercussions socio-économiques importantes pour la région et pour l’ensemble du littoral Est du pays.
Avec Guillaume MUNGUAKONKWA