À l’approche des Examens d’État, symbole d’espoir et d’avenir pour des milliers d’élèves de la République Démocratique du Congo, de nombreuses régions du pays font face à des obstacles majeurs du bon déroulement de cette étape cruciale.
Entre insécurité persistante, déplacements massifs de populations et crise humanitaire grandissante, les défis sont aussi nombreux qu’alarmants dans la province du Sud-Kivu.
Dans plusieurs territoires touchés par des conflits armés ou l’activisme des groupes armés, les établissements scolaires peinent à fonctionner normalement.
Les enseignants fuient les zones à risque, les écoles sont fermées ou occupées par des groupes armés, et les élèves vivent dans la peur permanente. Pour beaucoup, étudier est devenu un luxe, réviser un privilège.
Des déplacements qui désorganisent la scolarité
Les conflits ont provoqué des vagues de déplacements internes. Des milliers de familles ont été forcées de fuir leurs localités, laissant derrière elles maisons, biens et écoles.
Dans les familles d’accueils, l’accès à l’éducation est quasi inexistant, et les enfants en âge de passer les Examens d’État se retrouvent sans repères, sans enseignants, ni matériel pédagogique.
Yvette Kamushera, une déplacée de Bukavu affirme être en difficultés de payer les frais de participation aux examens d’Etat pour son fils resté à Kalehe.
« Mon fils ne pouvait pas abandonner l’école, c’est ainsi qu’il est resté à Kalehe, mais malgré cela, je suis dans l’incapacité de payer les frais exigés. Je n’ai aucune activité qui puisse me rapporter de l’argent ici à Bukavu », témoigne-t-elle.
Une logistique mise à rude épreuve
Organiser les Examens d’État dans ce contexte relève d’un véritable défi logistique.
Acheminer les documents d’examen, sécuriser les centres, identifier les candidats déplacés et garantir un minimum d’équité dans l’évaluation nécessitent des moyens humains, financiers et matériels que les autorités peinent à mobiliser.
M. Jean-Pierre Kalume est pessimiste. Pour lui, la situation sécuritaire ne permettra la bonne tenue de ces examens.
« Comment les males atteindront Shabunda, qui assurera la sécurité des examinateurs et des matériels ? », s’interroge cet enseignant.
Les routes impraticables, l’insécurité sur les axes routiers et le manque de moyens logistiques freinent les préparatifs. Certains centres d’examen pourraient ne pas être opérationnels à temps, menaçant l’équité entre les candidats.
Une jeunesse qui refuse d’abandonner ses rêves
Malgré tout, les jeunes du Sud-Kivu gardent l’espoir. Ils révisent dans des conditions difficiles, souvent dans des tentes ou des salles improvisées.
Leur détermination force l’admiration. « Même si j’ai fui mon village à cause des combats, je veux réussir mes examens. Je veux devenir médecin », confie Steeve Aksanti, un élève déplacé vivant à Kavumu.
Face à cette crise, des organisations de la société civile appellent les ONG locales et internationales à s’impliquer pour offrir un soutien psychosocial, du matériel scolaire et un encadrement temporaire aux élèves déplacés.
Selon le calendrier réaménagé par l’Inspection générale de l’éducation nationale et nouvelle citoyenneté, les épreuves hors session initialement prévues du lundi 5 mai au 19 mai 2025 ont été repoussées au 2 et 14 juin 2025.
La session ordinaire quant à elle, initialement prévue du lundi 23 juin au jeudi 26 juin 2025, se tiendra désormais du lundi 28 au 31 juillet 2025.
Rédaction