L’archevêque de Bukavu, Mgr François Xavier Maroy, a présidé une eucharistie ce dimanche, en la solennité du Christ Roi, qui coïncidait avec la Journée mondiale de la jeunesse. Devant des milliers de jeunes du doyenné de Bukavu 1, réunis en l’église paroissiale Saint Jean-Baptiste de Chai, l’ordinaire du lieu n’a pas manqué d’exhorter les jeunes à prendre conscience de leur responsabilité pour construire un avenir plein d’espérance, malgré le sentiment d’abandon dont ils sont victimes de la part des dirigeants.
Selon Mgr Maroy, de nombreux pays progressent grâce à l’amélioration des conditions de vie de leurs populations. Malheureusement, en République démocratique du Congo, la souffrance s’aggrave dans plusieurs domaines. « Cela nous touche profondément, nous, les prélats », a-t-il déclaré, déplorant les difficultés croissantes auxquelles le peuple congolais est confronté, en particulier la faim. Il a notamment souligné que, plutôt que d’encourager les jeunes à exploiter les vastes terres arables du pays pour lutter contre la famine, les politiciens se concentrent sur leurs propres intérêts.
« Pour nous, c’est la misère, le chômage et l’insécurité qui dominent. Les gens vont se coucher sans savoir de quoi demain sera fait, surtout dans l’Est du pays. Et pendant ce temps, les autorités ne pensent qu’à leurs intérêts, croyant que remplir leurs ventres équivaut à bâtir la nation. Entre-temps, nos territoires sont contrôlés par des groupes armés, tandis que d’autres ne se préoccupent que de modifier la constitution », a déploré Mgr Maroy.
Et de poursuivre :
« Est-ce la constitution qui empêche de payer les fonctionnaires de l’État, notamment les enseignants et les militaires, qui vivent dans une misère extrême ? Nous attendons-nous à la venue du Christ ou du diable ? »
L’archevêque a appelé à miser sur les valeurs pour atteindre des objectifs constructifs avant de songer à des changements de textes ou de discours. Il a également insisté sur l’importance d’accompagner les jeunes dans la lutte contre les antivaleurs, notamment la consommation excessive d’alcool, les stupéfiants, les mensonges, la paresse et le vol.
« Avec cette souffrance, nous commençons à croire que beaucoup sont au pouvoir non pour le bien du peuple, mais pour son malheur », a-t-il conclu.
Il convient de noter que, sur l’ensemble de l’archidiocèse de Bukavu, les jeunes des 42 paroisses étaient réunis par doyenné pour cette Journée mondiale de la jeunesse. Le thème proposé par le Pape François pour cette 39e édition était tiré d’Isaïe 40,31 :
« Ceux qui espèrent dans le Seigneur marchent sans se fatiguer ».
Benjamin MUKANIRE