La ville de Bukavu ne cesse d’enregistrer des cas d’incendie. A chaque cas, des biens matériels partent en fumée et souvent on signale des pertes en vies humaines. Si cette situation affecte les adultes qui perdent leurs biens, les enfants pour leur part sont victimes doublement. A part la perte de leurs biens matériels, plusieurs d’entre eux se voient contraints d’abandonner les études et par conséquent, leur avenir compromis.
A Irambo au quartier Nyalukemba dans la commune d’Ibanda. Ici, un incendie s’est déclaré en date du 5 août 2021. Environ 98 maisons sont parties en fumée laissant plus de 500 ménages sans abri, en majorité des enfants. Une dizaine de jours après, nous voici sur ce site. Sur place, nous rencontrons Mademoiselle Awezaye Byamungu Divine. Âgée de 11 ans, elle faisait la 5ème année primaire avant cette catastrophe. Victime de cet incendie, elle nous relate son histoire.
« Je vis avec ma maman et mon petit frère. Mon père ne vit pas à Bukavu et je ne sais pas où il se trouve car je ne le vois jamais. J’étais à l’école avec mon frère et maman était au marché où elle vend les bananes. Quand nous sommes revenus, nous avons rencontré plusieurs personnes chez nous et il n’y avait plus rien. Puis on nous a dit que notre maison est brûlée. Quand maman est venue, elle a commencé à pleurer. Elle nous a pris, elle nous a amené à l’église où nous passons la nuit jusqu’à présent. Le lendemain matin, elle nous a dit que nous n’irons plus à l’école parce qu’on a tout perdu et qu’elle n’aura plus d’argent pour payer notre scolarité. Et c’est pourquoi nous n’allons plus à l’école », nous a-t-elle relaté.
Une situation qui ne concerne pas seulement Divine et son frère car, sur place on peut voir plusieurs enfants qui s’amusent alors qu’en temps normal, ils devaient être à l’école
A ce sujet, Juvénal Lushule, délégué de la composante philanthropique au bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu, déplore l’inaction des autorités qui, à l’en croire, demeurent indifférentes face à plusieurs situations du genre.
« Vous pouvez vous imaginer une catastrophe survient, les gens perdent tous leurs biens même des maisons, les enfants abandonnés mais l’autorité ne fait rien du tout. Même pas se rendre sur place pour compatir avec les victimes. C’est vraiment déplorable. Je pense à mon niveau, le gouvernement doit prendre des mesures qui s’imposent pour non seulement éviter que pareille situation ne se reproduise plus mais aussi pour apporter une assistance humanitaire aux victimes. Concernant les enfants, on devrait mettre un accent sur la matérialisation de la gratuité de l’enseignement pour que même si les conditions sont difficiles en famille l’enfant puisse aller à l’école », a dit Juvénal Lushule, tout en demandant aux personnes de bonne volonté de venir en aide à ces enfants.
Contacté à ce sujet, le ministre provincial des affaires humanitaires, Cosmos Bishisha affirme être au courant de la « situation des victimes en général » et indique qu’une étude est en cours pour voir la nature d’assistance à leur apporter.
« Aussitôt alertés sur cette situation, nous avons mis en place une équipe qui se charge d’étudier les besoins de ces victimes pour enfin voir, à la limite de nos moyens, qu’est-ce qu’on peut leur donner. Vous savez bien que le gouvernement n’a pas assez de moyens et les problèmes sont multiples. S’agissant des enfants comme vous venez de le dire, en réalité on n’a pas pensé particulièrement à eux mais je vais en profiter pour suggérer à l’équipe de songer à eux. Etant donné que l’année scolaire touche à sa fin, on pourra, si on peut ajouter à l’aide qui sera donnée des fournitures scolaires pour que lors de la rentrée scolaire les élèves puissent y aller dans des bonnes conditions », a déclaré Cosmos Bishisha.
En attendant, d’autres observateurs estiment qu’il serait important que le gouvernement définisse une politique claire de lutte contre les incendies dans la ville de Bukvu ; où il ne se passe plus 2 semaines sans qu’un cas ne soit enregistré.
Frédéric BAGALWA, RJAE