Dans une déclaration rendue publique ce mardi 10 août 2021, le Docteur Dénis Mukwege plaide pour l’adoption d’une stratégie nationale holistique de justice traditionnelle qui priorise des réformes institutionnelles visant à prévenir la non-répétition des atrocités commises sur les populations civiles, notamment par une réforme profonde des secteurs de la sécurité et de la justice.

Dans cette déclaration, le prix Nobel de la paix estime que les dirigeants devraient retenir les erreurs du passé et rompre avec les politiques qui ont prolongé et aggravé la souffrance du peuple congolais et l’instabilité ayant occasionné des conséquences désastreuses sur la protection des civils.

Il fait allusion aux accords de paix qui, selon lui, ont systématiquement bradé la Justice sur l’autel d’une paix dont les dividendes ne sont jamais parvenus à l’est du pays.

« Depuis Sun City en passant par Lusala et Kampala, ces différents accords politiques visant à mettre fin à la violence ont planté les graines de l’instabilité et de la culture de l’impunité en intégrant des éléments des groupes armés rebelles congolais et étrangers, au sein des forces de sécurité et de défense de la république. En effet, les processus de désarmement, démobilisation et réinsertion sous-financés et bâclés ainsi que les politiques de mixage et de brassage souvent accompagnées de promotions, ont intégré l’indiscipline au sein des institutions et ce jusqu’au plus haut niveau de l’Etat », lit-on dans cette déclaration.

Dénis Mukwege déplore de voir que des présumés criminels sont gratifiés au lieu d’être traduits en Justice. Il exprime sa circonspection face à la récente nomination par ordonnance présidentielle d’un ancien Chef rebelle du RCD-Goma, du M23 et de l’ALEC comme coordinateur du programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation.

Mukwege estime que cette situation favorise l’émergence d’un système légitimant la violence et la commission des crimes comme mode d’accès au pouvoir.  Il plaide pour la mise en place de procédures d’assainissement qui visent à l’identification et à la mise à l’écart des institutions publiques des personnes responsables des violations des droits humains et droit international  humanitaire ainsi qu’à la mise en place des mécanismes de vérification des antécédents en matière de droits humains de ceux qui aspirent à entrer dans les services publics.

« Le gouvernement devrait entreprendre sans tarder des réformes institutionnelles pour garantir le respect de l’état de droit, favoriser une culture des droits humains et rétablir la confiance dans les institutions. Nous devons rompre avec les politiques visant à accorder des promotions à ceux qui devraient répondre de leurs actes devant la justice », conclut cette déclaration.

Christian KAHASHA

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