Redaction La migration de la main d’œuvre parle d’elle-même dans la région des grands lacs africains. Des migrants travailleurs Rwandais, Burundais, Ougandais et même Tanzaniens, sont visibles dans les marchés du travail en République Démocratique du Congo, surtout dans les provinces de l’Est et vice versa. Ces migrants employés œuvrent dans un contexte des conflits armés qui imposent ses lois dans cette Région depuis plusieurs décennies.
Dans la région des grands-lacs Africains, la migration de la main d’œuvre est très fréquente en dépit des guerres à répétition qui caractérisent cette partie de l’Afrique et qui a comme épicentre ; la République Démocratique du Congo. A en croire des témoignes recueillis, plusieurs éléments malmènent la migration de la main d’œuvre dans cette région comme l’insécurité, la recherche d’un salaire décent, la recherche d’un bon climat des affaires, la rigueur des gouvernants, etc.
Ici et là, les citoyens à la quête de l’emploie !
Le mouvement dans les cinq pays de la région des grands lacs est palpable. La migration de la main d’œuvre est beaucoup plus intra régionale entre la RD Congo, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie et l’Ouganda.
A ce jour, elle se caractérise par la migration de travailleurs peu qualifiés qui, suite aux difficultés de nouer les deux bouts du mois, se dirigent vers les marchés du travail voisins, dans la recherche d’un emploi et/ou le meilleur salaire.
C’est par exemple dans la ville de Bukavu où des femmes venues de Rusizi au Rwanda sillonnent certaines avenues de la ville de Bukavu. Certaines portent sur leurs têtes des lotions de fabrications Rwandaises. D’autres ont créé un petit marché propre à elles au niveau de l’avenue Emery Patrice Lumumba à quelques mètres de l’hôtel Résidence. Pour elles, les congolais aiment le lait venu du Rwanda. D’où leur désire de rencontrer leurs potentiels clients. Une autre main d’œuvre fréquente est celle du personnel du domaine de construction qui sont visibles dans plusieurs chantiers.
D’après le constat fait, les gens quittent le Congo à cause de l’insécurité qui entre dans la phase d’un mouvement des guerres en répétition. Mais aussi le cycle de chômage qui devient beaucoup plus généralisé.
« On voit les enseignants, les informaticiens, les techniciens dans diverses domaines qui partent vers le Burundi, et vers l’Ouganda. C’est avéré aujourd’hui », a déclaré Donat Mavingu, un originaire de Beni au Nord-Kivu, vivant à Kigali avant de préciser : « Je suis allé travailler au Rwanda parce qu’on m’a proposé le quadruple du salaire que je gagnais au Congo et au moins là, il y a une stabilité en terme de sécurité ».
Dans différentes contrées des Goma et Bukavu, deux villes de provinces de l’Est de la RD Congo, sont visibles des hommes et femmes qui occupent de postes dans différents domaines notamment l’enseignement, la construction ainsi que des services tels que le travail domestique, les soins de santé, le nettoyage, les restaurants et les hôtels, ainsi que le commerce de détail.
A la recherche du métier de choix !
La situation qui s’observe dans les deux villes du Congo, frontalières au Rwanda, est un peu similaire à celle qui sévit au Rwanda, à en croire les réalités vécue par plus d’un congolais, mais actuellement, la discrimination s’installe dans le chef des employeurs rwandais, ajoutent des sources concordantes ; “Les étrangers, surtout les Congolais, commencent à être de plus en plus discriminés dans le monde de l’emploi. Le temps où les congolais étaient recherchés dans le monde professionnel surtout dans l’enseignement est révolu ; actuellement, pour qu’un congolais soit engagé dans l’enseignement, il faut que le gouvernement Rwandais manque vainement un Rwandais capable d’occuper ce poste”, a déploré un Congolais enseignant au Rwanda.
Répondant à la question de savoir les métiers qui emmènent les congolais à migrer vers les pays voisins, un enseignant congolais qui a voulu garder l’anonymat dit : «Le métier le plus négligé au Congo, c’est l’enseignement, et c’est le métier le plus difficile, vues les conditions dans lesquelles nous enseignons au Congo. C’est la grande motivation de mon déplacement vers le Rwanda».
Les conditions du travail sont moins rassurante
La région des grands-lacs est perçue comme un foyer de tension à connivence tribale. Des conflits armées entre groupes rebelles et ou entre l’armée loyaliste et groupes rebelles sont décriés du jour au lendemain sous l’oeil impuissant des autorités. Cette situation occasionne le déplacement massif de la population et met en mal les travailleurs migrants au Kivu.
Selon un constat fait, certains Rwandais et Burundais, craignant de leur sécurité, sont obligés de choisir des noms fictifs d’origine congolaise pour perdre la trace et éviter de subir toute forme de violence ou la xénophobie.
Plus d’un analyste pensent que la terreur qui s’installe aujourd’hui en RDC ne facilite pas une certaine stabilité par rapport à l’installation des unités de production économique.
“Les opérateurs économiques ne trouvent pas véritablement un terrain stable pour pouvoir installer les unités de production”. C’est qui justement crée ce flux, les gens qui se tournent vers l’extérieur.
Dans ces conditions, seules les sociétés étrangères œuvrant dans les mines font un contre point aux différents obstacles qui étouffent le bon climat des affaires et dont la plupart des travailleurs sont des sujets Congolais.
L’insécurité un gâchis pour les migrants travailleurs dans le grands-lacs
L’insécurité grandissante en RD Congo crée une extraversion dans le monde des affaires dans la région des grands–lacs. Les investisseurs congolais et d’ailleurs partent vers l’extérieur pour trouver de la main d’œuvre.
En RDC, l’insécurité qui a élu domicile à l’Est, constitue un frein pour les migrants travailleurs. les guerres en répétition dont des sources concordantes accusent les pays limitrophes d’être de mèche avec les groupes rebelles, frustrent les migrants travailleurs.
« En réalité, ces conflits ne profitent pas aux citoyens congolais surtout pour la région orientale, ceux de l’Est de pouvoir trouver de l’emploi au niveau local », comme l’estime Jean-Eudes Mihigo, un jeune congolais vivant à l’étrangers, les entreprises recrutent effectivement, mais puisqu’il y a pas un grand nombre des points de production locale, les gens ont tendance à aller vers l’extérieur.
Plusieurs études démontrent que l’ancien Kivu regorge des minerais stratégiques. D’après beaucoup d’enquêtes réalisés, « certains minerais stratégiques exploités à l’Est de la RDC et qui sont recherché aujourd’hui surtout par les entreprises technologiques transitent par le Rwanda et sont raffinés à partir du Rwanda parce qu’il y a beaucoup d’entreprises manufacturées qui sont installées à Kigali et à partir de là, il y a un besoin de pouvoir recruter de la main d’œuvre », estiment-elles.
Les intérêts, sont-ils égalitaires entre les pays de la région ?
Parlant des intérêts des pays dans la région, les avis sont divergents.
Bienfait Ngaboyeka, jeune congolais et comptable assermenté, affirme que : « Puisqu’ils travaillent dans ces pays, ils sont assujettis à la fiscalité des pays d’accueil ».
Pour lui, le pays d’origine et celui d’accueil, tous bénéficient de la migration de la main d’œuvre étant donné que les migrants travailleurs deviennent assujettis à la fiscalité du pays d’accueil d’un côté, et de l’autre côté, l’employé investit son salaire dans son pays d’origine.
« Ces mouvements des guerres à répétition qui créent d’habitude ces déplacements massifs de la population, au niveau de l’employabilité, ça profite plus au pays qui accueille ces demandeurs d’emplois. Parce que quand ils arrivent dans ce pays, ils reçoivent le salaire, mais ils paient les impôts qui permettent aux gouvernements de réaliser les projets de société, les projets gouvernementaux. Les impôts et taxes qu’ils y paient constituent une plus-value pour les économies des pays d’accueil », a indiqué Ngaboyeka.
Selon les femmes congolaises réunies au sein d’une structure des petits commerçants des provinces de l’Est, les intérêts sont loin d’être égalitaires.Selon elles, le Rwanda et le Burundi ne les acceptent pas d’exercer leur commerce dans ces pays, mais en RDC tout est permis, pourtant les migrants ne paient pas les taxes.
« Nous venons chaque jour ici. Nous achetons un petit bidon de 5 litres au Rwanda pour venir le revendre ici un peu cher car nous devons payer le transport. Chaque soir nous rentrons chez nous au Rwanda », nous confirme une femme Rwandaise d’environ trente ans qui a requis l’anonymat.
A la question de savoir si les congolaises font les mêmes activités au Rwanda, notre interlocutrice se réserve de tout commentaire.
Le CEPGL, quels avantages dans la migration de la main d’œuvre ?
Créée avec comme objectif l’intégration économique régionale entre ses trois pays membres, la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux, la sécurité régionale et le financement d’institutions communes dans les domaines de la finance, de la recherche et de l’énergie, le comité économique des pays des grands lacs est aujourd’hui loué par les migrants travailleurs des pays membres.
“Je vis au Rwanda, mais je vais travailler au Congo, souvent à Goma, où je vais travailler chaque matin et rentrer le soir. Je fais la maçonnerie et j’ai souvent des chantiers, et grâce à mon CPGL, je traverse librement sans payer le visa” témoigne un maçon rwandais qui travaille au Congo.
A en croire ce maçon, le CEPGL facilite la libre circulation aux migrants travailleurs et ouvre une brèche à la migration de la main d’oeuvre dans la région des grands lacs Africains.
Par Bernardin Murhabazi Matabaro
