L’arrestation de Jacky Ndala, opposant et ancien cadre du parti politique de Moïse Katumbi, suscite une onde de choc en République démocratique du Congo (RDC). Accusé de « propagation des faux bruits » pour avoir révélé un viol qu’il dit avoir subi en 2021 lors de sa détention dans un local de l’Agence nationale des renseignements (ANR), il risque trois ans de prison ferme. Cette affaire, au-delà de son enjeu judiciaire, pourrait marquer un tournant dans le climat politique et le respect des droits humains en RDC.

Selon son avocat, Me Biselo Ndosimau Eric, l’arrestation de Jacky Ndala est une atteinte grave aux droits humains :

« Une victime de viol a donc été arrêtée et va être envoyée à la prison de Makala tout simplement parce qu’il a eu le courage de dénoncer un abus. »

Pour de nombreux observateurs, cette affaire pourrait dissuader d’autres victimes de violences sexuelles, en particulier celles survenues en détention, de s’exprimer. « En criminalisant la dénonciation, le gouvernement envoie un message inquiétant : dénoncer un abus peut vous conduire derrière les barreaux », déclare une militante des droits humains sous couvert d’anonymat.

L’opposition et plusieurs organisations de la société civile dénoncent ce qu’ils considèrent comme une instrumentalisation de la justice. L’arrestation de Jacky Ndala intervient dans un contexte politique tendu, où des voix s’élèvent déjà pour critiquer l’utilisation des institutions judiciaires comme outil de répression contre les opposants. C’est aussi le cas dans l’affaire de l’opposant Seth Kikuni, condamné à un an de prison ferme.

Cette perception pourrait aggraver la méfiance de la population envers le système judiciaire. « Si cette affaire est perçue comme politiquement motivée, elle ne fera que renforcer le fossé entre les citoyens et les institutions publiques », avertit un analyste politique basé à Bukavu.

Alors que la RDC sort des élections générales de décembre 2023, cette affaire risque d’exacerber les tensions entre le pouvoir et l’opposition, déjà divisés autour du projet de modification et/ou changement de la Constitution. Le camp de Moïse Katumbi, dont Jacky Ndala est proche, pourrait utiliser cette arrestation pour dénoncer une volonté du gouvernement de museler toute voix dissidente.

« La répression ne fait qu’alimenter la polarisation politique. Jacky Ndala est perçu aujourd’hui comme un symbole de la lutte contre les abus du pouvoir », estime un observateur.

L’affaire pourrait également avoir des répercussions à l’échelle internationale. Les partenaires de la RDC, notamment les organisations de défense des droits humains et les bailleurs de fonds, pourraient faire pression sur le gouvernement pour garantir un procès équitable et enquêter sur les allégations de violences subies par Jacky Ndala.

Des appels à la libération de l’opposant commencent déjà à émerger, notamment sur les réseaux sociaux et dans certains cercles politiques. Si le gouvernement congolais persiste dans sa position, il risque de ternir davantage son image à l’étranger.

Le verdict du Tribunal de Paix de Kinkole est attendu dans les jours à venir. En attendant, Jacky Ndala pourrait être transféré à la prison centrale de Makala, où il risque de purger une peine de trois ans si les réquisitions du ministère public sont suivies.

Espoir KAMBA

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