Le journaliste congolais John congolais John Aciza a sorti un récit autobiographique intitulé « Fuir La Guerre ». Ce récit est inspiré par la situation que traversent les habitants de Rutshuru et Nyiragongo qui fuient l’avancée des troupes du M23 vers la ville de Goma.

Dans ses 5 épisodes, il relate le calvaire traversé à 8 ans de naissance lors de la guerre dite de « libération » menée par l’alliance des forces démocratiques de libération conduite par l’ex-président congolais Laurent Désiré Kabila et qui a débuté en 1996.

« Il faut avoir un jour fui une guerre, dans son enfance pour comprendre le calvaire que traversent nos frères et sœurs des territoires de Nyiragongo et Rutshuru. En 1997, alors que j’avais moins de 8 ans d’âge, la RDC a connu sa première guerre d’agression! Mon père, alors superviseur d’un camp des réfugiés hutus en territoire de Walungu, se trouvait dans le collimateur tant de ses administrés ingrats, qui venaient de se substituer en militaires, que des envahisseurs qui ne l’épargnèrent pas car considéré comme un bienfaiteur des “génocidaires”!», peut-on lire dans son introduction.

Agé de 8 ans seulement, John Aciza avec tous les membres de sa famille ont dû parcourir plus de vingt kilomètres à pieds. Deuxième de sa famille, il sera obligé malgré son age d’assumer certaines responsabilités.

C’est notamment transporter les objets au cours de leur déplacement mais aussi veiller à ses petites sœurs.

« A moins de 8 ans, je devais faire 20 km de route pour être à l’abri ! C’est vers 14 h qu’on finit de faire nos bagages, et le voyage pouvait commencer. Moi, fils aîné de ma famille malgré mon jeune âge, j’ai dû transporter un petit bidon de 5 litres chargé de pétrole pour allumer la lampe. Ma petite sœur Alande, âgée de seulement 4 ans, on la chargea d’une lampe à pétrole. Fadhili (sa grande de 10 ans) pouvait transporter un peu plus de poids, et elle ne fût pas ménagée en tout cas. Le voyage commença ».

Long trajet à parcourir, avec un colis dont le poids dépasse son âge, ça-là ne sera pas malheureusement le seul problème auquel John et l’assemble des membres de sa famille feront face. La faim, le stress lié à l’égarement de sa petite sœur (qui sera retrouvée par la suite), la manque ou du moins les mauvaises conditions de logement et bien d’autres sont le chapelet des difficultés auxquelles ils feront face.

« Arrivés à l’autre bout des deux bretelles de route, nous nous sommes assis pour nous reposer, et papa devait vérifier si tout le monde était là ! Drôle d’incident : Boum !!! Alande était absente ! Elle et une sœur, nommée Mushikazi, avait disparu ! La disparition de ma sœur Alande créa une psychose indescriptible dans la famille ! Il devenait impossible de poursuivre la route ! Un peu déboussolé, papa prit quelques minutes de réflexion, ensuite il prit deux décisions risquées ! Il devait nous loger dans une petite boutique en bois, dont le tenancier avait déjà fui, et lui fit demi-tour pour refaire la même trajectoire en vue de tenter le pari hasardeux de retrouver ses enfants épuisées et assises sur la route ! L’espoir finit par rattraper la réalité ! Alande et Mushikazi sont bel et bien vivantes ! Mais qui pour l’annoncer à papa, pour qu’il arrête sa quête ! Sans téléphone, ni internet, il fallait dépêcher un jeune pour les rattraper ! Et le troisième homme de l’effectif, c’était le jeune homme de moins de 8 ans que j’étais…! », poursuit-il tout en n’oubliant pas les conditions inhumaines dans lesquelles ils ont dû dormir.

« Une fois les deux sœurs retrouvées, maman et nous tous rentrions dans boutique, afin de reposer ! On espérait que papa aurait la présence d’esprit de nous rejoindre. Ça durera toute la nuit, et maman devait se débrouiller seule pour nous encadrer la nuit. A 19 heures, plus rien ne nous empêchait de dormir ! Mais rien ne nous encourageait non plus! Dans une boutique en bois particulièrement étroite et sans pavement, en l’absence de papa et en pleine guerre, il fallait être trop courageux pour sommeiller à même le sol. Dans ce contexte sans confort, maman trouva tout de même des idées de génie pour rassurer le minimum de conditions à sa petite cohorte de bébés ! Alors qu’on dormait, maman tenait notre cadette entre ses mains, et s’est appuyée contre la porte ! Elle constituait ainsi notre serrure ! Elle et les deux sœurs, un peu âgées, qui vivaient chez nous, ne pouvaient pas dormir ! Si le problème d’espace leur imposait de jouer la vigilance, elles avaient aussi intérêt à rester éveiller pour s’assurer qu’elles sauraient se lever et nous entraîner en-cas d’avancées nocturnes des belligérants… ! »

Il faut indiquer que ces 5 épisodes sont la première partie de ce récit produit pour solidariser avec la population et particulièrement les enfants qui vivent la guerre au Nord-Kivu ce dernier temps entre les forces armées de la RDC et les rebelles du M23.

Frédéric BAGALWA

Newsletter

Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir des actualités récentes. Restons informés !

Labeur.info est un média en ligne spécialisé dans la publication en temps réel, des informations vraies, vérifiées et vérifiables de la RDC en particulier et de l’international en général. Il se démarque par son caractère impartial et par la diversité des informations qu’il traite.

NOS ADRESSES

Copyright © 2020 Labeur Info – Informer, Former et Divertir | Designed by Tech7