La République Démocratique du Congo, terre d’espoir pour l’humanité ! disait Mr Vital Kamerhe dans ses fondements de la politique transatlantique de la République démocratique du Congo. RDC, terre d’espoir, pays d’avenir comme d’autres personnes le disent mais peut-on vraiment parler d’espoir dans un pays où l’élite qui est affamée du ventre sort des entrailles d’un peuple également affamé du ventre et non d’esprit ?
La RDC en a jusqu’à la lie de la pleutrerie et en tant que citoyens, nous sommes tous responsables du chavirement du bateau. Chacun de nous pointe le doigt vers l’autre, l’incriminant d’être le fautif. L’UDPS et ses alliés du CACH y compris LAMUKA, ne voient que le FCC comme le plus grand mal qu’il faut anéantir à tout prix, malheureusement le chameau voit la bosse de son semblable, mais pas la sienne.
Des congolais irresponsables veulent voir la démocratie au pays pendant que la dictature règne dans leurs propres maisons. Chacun de nous est responsable de la catastrophe comme de la bonne gouvernance du bateau. Le théorème est simple : «un responsable au milieu d’irresponsables devient irresponsable. Un irresponsable au milieu des responsables devient responsable».
L’homme est grand par sa nature, il est infiniment bas par ses défauts. Le « bateau RDC » est coulé par son élite irresponsable qui a produit des voleurs, des corrompus, des menteurs, des rhétoriciens, des opportunistes, des démagogues au verbe creux et aux promesses non tenues, des spécialistes de la réunionite (dialogues, concertations, consultations,…).
Si Platon condamne les rhétoriciens et les poètes, ce n’est pas qu’il est indifférent à la beauté de l’art, c’est parce qu’ils courtisent les tyrans en leur louant un faux bonheur fait de richesse et de gloire et fondé sur l’injustice.
Dans ces conditions du bas en haut et vis-versa, chacun de nous doit cesser d’accuser l’État ou le pouvoir. L’État, le pouvoir, c’est nous tous. Nous sommes tous complices de ce que nous avons fait pour mettre la RDC de nos amours (hypocrite ou égoïste), à genou et au plus bas de l’échelle des valeurs universelles.
Au lieu de renforcer cet amour solidaire né de l’esprit du 30 juin 1660, nous avons fabriqué la haine, le mépris, l’individualisme, le manque de confiance en soi et la confiance en l’étranger (sauf au rwandais).
Le problème, personnellement, qui nous préoccupe c’est comment, tous les congolais que nous sommes, faire pour dépasser nos contradictions subjectives pour aboutir à un consensus qui peut remettre le bateau RDC sur une voie maritime qui l’amène au bon port.
En penseur modeste, la solution ne vient pas des moyens financiers ni matériels, mais à notre avis du changement de mentalité. Sommes-nous capables de passer de l’esprit d’affamé du ventre à celui d’affamé de l’esprit ?
Précisément, c’est ce dernier point qui est en mesure de sauver la RDC du désastre. Que vaut de l’Or devant les idées ? Le Japon, la Chine, la Corée du Nord, l’Inde, la Malaisie, qui ont opté pour l’esprit du savoir ont résolu aujourd’hui leurs problèmes. Ces pays disputent aux USA et à l’Union Européenne dans leur ensemble, pour occuper la place dans la plus haute échelle des valeurs universelles. Plus au moins, ces pays ont démarré en 1960 comme la RDC.
Pendant que ces pays avancent à pas de géant pour conquérir l’espace (la Chine et voici l’Iran), la RDC est restée au stade de tube digestif et des palabres interminables : Ceci «consultation», cela «Union Sacrée». Ces pays ont appris à travailler de leurs mains pour avoir des idées. C’est un passage incontournable.
La RDC avec ses immenses matières premières a fait de nous, une élite de menteurs, une bourgeoisie compradore. Après le colonialisme, notre mentalité reste habitée par le néocolonialisme. Nous sommes devenus des machines de néocolonialisme, nous fonctionnons avec l’esprit néocolonialiste, mais nous ne vivons plus.
Au lieu d’accuser l’État, le pouvoir, nous, nous accusons l’élite qui s’autocensure par elle-même, laquelle autocensure les étudiants. Nous accusons l’élite de l’école primaire, du secondaire, de l’université, d’avoir fabriqué une école, une université, un pouvoir, un peuple, sinistrés. Ailleurs, ce sont des enseignants qui font le bouillon de culture. Comment aller vers la technologie si l’école oriente une infime partie de son effectif vers les filières techniques ?
L’État, le pouvoir, répétons-le encore une fois, c’est qui ? Si ce n’est moi et toi et nous tous ? L’Etat le pouvoir dans toutes ses structures, l’université, l’école ne changeront que lorsque vous et nous-mêmes, ayons changé de mentalité de l’esprit du ventre à celui du savoir. Les congolais et son élite ne changeront que lorsque nous apprendrons à nous aimer avec nos défauts et nos qualités et à croire en nos propres forces.
Le pouvoir, c’est comme le marché. Il y a un marché formel et un marché informel ; l’un se nourrie de l’autre. Nous pouvons aussi comparer le mécanisme avec le marché de l’offre et de la demande. Il y a un État de droit lorsque le formel domine pour 80 à 90% contre 20% d’informel.
Un État informel est celui où l’informel domine à 80 et 90% et le formel compte pour 10 à 20%. Quand l’informel recule, le formel s’accroit et vis-versa. Nul n’est censé ignorer que le marché informel domine pour 60% et gère 60% des devises étrangères à ciel ouvert. Cela veut dire tout simplement que le pouvoir occulte pèse lourdement dans la gouvernance de la société. «Triste Venise» comme disait l’autre.
Pour dépasser ce mythe, il faut qu’une autre génération naisse
Toute, exceptée une infime partie, l’élite est trahie par son doigt ou par sa louche trempée dans l’ivresse du miel directement ou indirectement. Il n’y a pas de vierge parmi l’élite et personne n’est au-dessus de tout soupçon. Si le colonialisme est mauvais, le néocolonialisme est pire, disait Nehru. Dès 1960, ce dernier a introduit une politique de haine entre le privé et l’État et le citoyen qui se prolonge jusque à l’heure actuelle.
En RDC, les étrangers aiment également la RDC à en perdre la tête. Pour cela, la réponse est toute faite. Elle est draguée pour ses atouts et ses atours dont la nature l’a dotée. Dieu aime ce pays pour lui avoir donné tout, mais il est détesté par les siens. L’exemple est clair. Les congolais aiment le dollar, l’euro, le rand, la livre sterling, mais pas le franc congolais. Ils ont plus confiance en la monnaie étrangère qu’en la leur.
Ils n’aiment pas leur industrie (disons ce qui reste comme industrie), ils n’aiment pas leur agriculture, leur école, leur université, leur culture, leur histoire, leur pouvoir, leurs lois, leurs villages, leurs villes. Ils ne s’aiment pas eux-mêmes. Ils se détestent, ils se méprisent, ne coopèrent pas entre eux, cela réjouit le pouvoir néocolonialiste mondial. Notre élite saturée du ventre et vide de l’esprit aurait fait de la RDC une première puissance dans le monde et aurait assisté toute l’Afrique.
Ainsi, il faut élever la barre culturelle et idéologique très haut car notre société désire ardemment se réapproprier sa conscience nationale fondée sur le savoir par la (le)
Définition de l’élite et sa responsabilité dans une société post-conflit,
Débat sur l’école, l’université, sur la formation de l’élite du pouvoir et de l’encadrement de la société,
Débat sur l’échec des hommes politiques dans leurs stratégies de gouvernance,
Débat sur une autre voie de développement (la troisième voie pour ne pas dire le juste milieu).
Car, en portant un regard critique sur nos errements, en évitant les idées préconçues et en faisant un travail critique sur soi, ensemble nous serons aptes à créer un événement, un miracle et porter haut la RDC sur le podium des nations de la technologie et du savoir.
MULUNGULA KYABU Prince
